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Judo : victorieuse du Grand Slam de Paris, Clarisse Agbégnénou « tape du poing sur la table » à six mois des Jeux

Clarisse Agbégnénou a renoué avec la victoire samedi 3 février, lors du Grand Slam de Paris.

Depuis son sacre, le 24 juillet 2021, à Tokyo et après la naissance de sa fille, Athéna, en juin 2022, Clarisse Agbégnénou n’est sortie que quatre fois en compétition internationale. Avant que la championne olympique tente l’exploit de conserver son titre en juillet à Paris, chacune de ses sorties est un événement.

Samedi 3 février, à l’Accor Arena, la patronne du judo français a peut-être vécu un tournant dans sa préparation olympique, lors du Grand Slam de Paris. A 31 ans, elle a rassuré sur sa capacité physique et mentale à souffrir. « Cette victoire fait du bien, elle n’a pas été facile à aller chercher, a-t-elle analysé. Elle met les choses au clair dans la tête de tous et de toutes surtout. C’était le moment de taper du poing sur la table. J’avais mon public avec moi, il a été extraordinaire et je ne peux que le remercier. »

La nouvelle génération des − 63 kg, si prometteuse qu’elle soit, n’a pas encore pris le dessus sur la championne expérimentée aux six titres mondiaux et aux trois médailles olympiques. « On voit que les jeunes essaient de pousser les vieilles dehors, mais non, non, non. On ne bouge pas. Je suis bien contente de montrer que je suis encore là après toutes ces années », a réagi la Française.

En finale, Clarisse Agbegnenou a battu la jeune Croate de 21 ans Katarina Kristo pour remporter son septième Grand Slam de Paris, dix ans après le premier, glané en 2013, et quatre ans après le dernier. Preuve d’une longévité impressionnante et rare – Teddy Riner en lice dimanche en est un autre exemple – dans un sport aussi exigeant que le judo.

Après une mise en bouche anecdotique face à la modeste Allemande Agatha Schmidt, c’est en allant puiser au bout de ses forces qu’elle s’est sortie d’un combat interminable face à la Japonaise Megumi Horikawa. « Clarisse ! », « Clarisse ! », comme l’encouragent affectueusement les spectateurs, a bataillé huit minutes et trente-sept secondes de golden score, soit douze minutes et trente-sept secondes au total, pour arracher la victoire au jeu des pénalités (3 à 0).

Face à la championne du monde 2022 – un titre obtenu cette année-là par la Nippone en l’absence de la Tricolore – Agbégnénou s’est offert une magnifique répétition avant les Jeux olympiques de Paris. En petite forme physique, de son aveu même lors des derniers championnats d’Europe à Montpellier, en novembre 2023, où elle a échoué à la septième place, elle a rassuré sur ses capacités physiques. Et elle a surtout prouvé qu’elle n’avait rien perdu de son incroyable force mentale, attentive à ne pas commettre la moindre erreur.

Match de géantes

Si Horikawa a donné du fil à retordre à Agbégnénou, la Française devra affronter une autre Japonaise aux JO, Miku Takaichi, certes présente à Paris pour un stage international mais pas alignée pour la compétition.

Après ce match de géantes, elle a soufflé en se débarrassant dans le temps officiel imparti de la Cubaine Maylin del Toro Carvajal. Une économie de ses forces dont elle a eu besoin pour battre par ippon, en demi-finales, durant le golden score (3 min 50 s), la jeune et talentueuse judoka néerlandaise Joanne van Lieshout, 21 ans et déjà médaillée de bronze mondiale en 2023. Une adversaire sur qui il faudra compter cet été tant elle a montré qu’elle est l’une des rares judokas à bouger athlétiquement son aînée.

Joanne van Lieshout est terrassée par Clarisse Agbégnénou, samedi, en demi-finales du Grand Slam de Paris 2024.

Pour Clarisse Agbégnénou, l’une des deux porte-drapeaux de la délégation tricolore à Tokyo en 2021, Paris 2024 est LE rendez-vous à ne pas manquer, comme elle l’a annoncé à la fin de janvier dans un tchat au Monde.

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Longtemps imperturbable tant elle a dominé son sport, la jeune trentenaire ressent forcément le poids de l’histoire pour ce qui sera « ses derniers Jeux ». « Sans Paris 2024, j’aurais peut-être arrêté après Tokyo pour me consacrer à 100 % à ma vie de famille. C’est un poids, forcément, car je sais que je suis très attendue, étant française et championne olympique en titre, confiait-elle. Il peut y avoir la peur de mal faire et de décevoir. Moi en premier et aussi ma fille, qui vivra cette aventure avec moi. J’ai envie de lui mettre cette médaille d’or autour du cou. »

D’ici à cette dernière danse olympique, la championne prévoit encore deux ou trois compétitions pour sa préparation : le Grand Slam de Tachkent (Ouzbékistan) au début de mars, puis soit les championnats d’Europe (en avril) soit les Mondiaux (en mai) – avec une préférence pour ces derniers – et enfin peut-être un dernier tournoi à définir. « C’est important de faire de la compétition avant les Jeux. Je suis revenue de grossesse et j’aimerais reprendre des habitudes de compétition avant les JO », expliquait-elle au Monde.

Pour celle qui a passé trente-deux minutes sur le tapis samedi, un temps de combat record, l’enjeu sera de récupérer l’intégralité de ses moyens physiques d’ici à l’été. « C’est fou. J’ai hâte d’une bonne douche chaude. Demain, je pense que le réveil va être difficile, ça va piquer », a-t-elle plaisanté. Au pic de sa forme, Clarisse Agbégnénou ne craint personne. Elle impose même un règne sans partage, transformant ses rivales en vassales.

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