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La protection de la biodiversité, grande perdante de la crise agricole

Des agriculteurs bloquant une autoroute à Chilly-Mazarin (Essonne) écoutent le premier ministre, Gabriel Attal, annoncer de nouvelles mesures, le 1ᵉʳ février 2024.

Des « erreurs » qui « sacrifient l’environnement à la démagogie », un gouvernement qui « se trompe de combat pour résoudre la crise agricole », de « graves reculs » sur la transition écologique… Le constat des organisations de protection de la nature est unanime : pour répondre à la colère des agriculteurs, mobilisés pour revendiquer des revenus et des conditions de travail décents, le gouvernement a mis à mal plusieurs mesures et mécanismes visant à protéger la biodiversité, confrontée à une crise sans précédent.

« Nous faisons face à des reculs environnementaux alors qu’il y aurait eu urgence à embarquer les agriculteurs dans une transition agroécologique, en leur donnant les moyens de le faire et en les accompagnant », regrette ainsi Thomas Uthayakumar, directeur des programmes de la Fondation pour la nature et l’homme. « La reconnaissance du rôle clé de l’agriculture dans la lutte contre le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité a malheureusement été balayée par la volonté de complaire à la FNSEA », s’alarme aussi France Nature Environnement.

Parmi les principaux reculs, l’exécutif a annoncé, jeudi 1er février, la « mise à l’arrêt » du plan Ecophyto, visant à réduire de 50 % l’usage des pesticides d’ici à 2030. Cette décision intervient alors que l’Etat a été condamné, en juin 2023, pour ne pas avoir respecté ses engagements de baisse de l’utilisation de ces produits phytosanitaires, et enjoint à réparer le préjudice écologique associé avant juin 2024.

Parmi les autres cibles de la FNSEA, figurait l’Office français de la biodiversité (OFB), accusé de faire preuve d’acharnement envers les agriculteurs. Le 26 janvier, lors de ses premières annonces, Gabriel Attal a décidé le placement de l’établissement public sous tutelle des préfets et a appelé à trouver rapidement des solutions pour « faire baisser la tension ». Dans la foulée de cette déclaration, les incidents visant l’OFB se sont multipliés. Agents ciblés de manière nominative par un tag à Montbard (Côte-d’Or), pneus et fumiers déversés devant le local de l’OFB à Dijon, bâtiment enrubanné au Pin-au-Haras (Orne), départ de feu à Lempdes (Puy-de-Dôme)…

Désarmer les agents

« La situation, déjà compliquée, prend des proportions inimaginables, dénonçait mercredi Véronique Caraco-Giordano, secrétaire générale du Syndicat national de l’environnement (SNE-FSU). Le premier ministre a fait de l’OFB le bouc émissaire de la crise et a donné les agents en pâture, en raison de sa méconnaissance totale de ce que fait l’établissement. » Après plusieurs jours de silence, le ministre de la transition écologique, Christophe Béchu, s’est dit mercredi soir « au côté » des agents « ciblés, menacés, intimidés ».

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