Close

En Allemagne, la faillite de KaDeWe confirme le déclin du modèle des grands magasins

Le Kaufhaus des Westens, à Berlin, le 30 avril 2013.

KaDeWe est en faillite. Le temple berlinois du shopping de luxe, un des emblèmes de la capitale allemande, a déposé le bilan, lundi 29 janvier, ultime étape de l’effondrement du groupe immobilier Signa, amorcée à l’automne.

Depuis la chute de son créateur, le milliardaire autrichien René Benko, Signa voit tomber un à un tous les joyaux de l’ancien empire : KaDeWe emporte dans sa banqueroute deux autres grands magasins de luxe qui lui étaient rattachés au sein de la société KaDeWe Group, l’Alsterhaus, à Hambourg, et l’Oberpollinger, à Munich. Les magasins Karstadt et Galeria Kaufhof, au cœur des centres-villes marchands de nombreuses cités allemandes et rachetés par René Benko il y a une décennie, sont également en faillite.

Cette cessation de paiement va pénaliser ses fournisseurs internationaux et les grandes marques présentes dans les magasins. Surtout, 1 700 salariés du groupe voient leur avenir menacé, même si l’activité devrait se maintenir pendant toute la durée de la procédure. Beaucoup pensaient que le désastre aurait pu être évité. Spécialisé sur le segment du luxe, relativement protégé de la crise, le groupe KaDeWe avait enregistré une hausse de son chiffre d’affaires en 2023.

Un lieu emblématique

KaDeWe, ou Kaufhaus des Westens (« grand magasin de l’Ouest ») est un colosse de 60 000 mètres carrés imaginé sur le modèle des department stores américains et inauguré en 1905. Longtemps le plus grand magasin d’Europe, il reste un lieu emblématique de Berlin Ouest, tout proche de la célèbre avenue commerçante Ku’damm.

Racheté par Signa en 2013, KaDeWe a été victime de la gestion opaque du milliardaire autrichien, qui avait créé au sein de son groupe des dizaines d’entités juridiques qui se facturaient les unes les autres. Le groupe Signa était ainsi propriétaire des murs des magasins au sein d’une société immobilière, qui facturait aux sociétés d’exploitation commerciale, également membres du groupe, des loyers exorbitants. Selon les données du magazine Der Spiegel, le loyer absorbait ainsi 13 % du chiffre d’affaires du magasin de Berlin, 17 % de celui Hambourg et 20 % de celui de Munich, alors que, selon les experts, seuls 10 % du chiffre d’affaires sont supportables pour une telle activité. Cette architecture financière complexe a été la clé de l’expansion à crédit de René Benko sur le marché de l’immobilier de luxe au cours de la dernière décennie. Elle est aujourd’hui le casse-tête des créanciers et des administrateurs judiciaires.

La mise en faillite de KaDeWe doit permettre à la société de dénoncer ces contrats de location abusifs. Par ricochet, la société immobilière qui chapeautait les bâtiments, privée de ressources, devrait aussi se mettre en faillite dans les prochains jours. Les conséquences de l’effondrement de ce château de cartes financier sont encore incertaines. Seul élément positif : le groupe thaïlandais Central, déjà actionnaire à 50 % du groupe KaDeWe et qui était en négociation depuis plusieurs semaines pour acquérir l’intégralité des parts, a de bonnes chances de parvenir à un accord.

Il vous reste 35% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top