Les bombardements et les combats entre l’armée israélienne et le Hamas ont fait des dizaines de morts en vingt-quatre heures dans la bande de Gaza, où le mouvement islamiste palestinien a dit, mardi 30 janvier, examiner une proposition d’accord de trêve avec Israël.
Face aux risques d’extension du conflit, le président américain, Joe Biden, a assuré qu’il ne « cherchait pas » une « guerre plus étendue au Moyen-Orient ». Les craintes d’un embrasement ont resurgi après une frappe de drone, attribuée à des combattants pro-iraniens, qui a tué trois militaires américains dimanche en Jordanie, près de la frontière syrienne. M. Biden a affirmé qu’il considérait l’Iran « responsable » d’avoir fourni l’armement nécessaire à cette frappe et avait décidé comment y riposter, sans donner plus de précisions.
La guerre à Gaza attise aussi les violences en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où un commando des forces israéliennes a tué, à Jénine, trois Palestiniens présentés comme des « terroristes ». Selon des sources palestiniennes, ils ont été « abattus » dans un hôpital par des soldats déguisés en soignants, portant des armes équipées de silencieux.
Le Hamas étudie une proposition de trêve à Gaza
Après bientôt quatre mois de guerre, le chef en exil du Hamas, Ismaïl Haniyeh, installé au Qatar, a affirmé que son mouvement avait reçu une proposition de trêve avec Israël, résultat d’une réunion à Paris entre le directeur de la CIA, William Burns, et des responsables égyptiens, israéliens et qataris. « Le Hamas examine la proposition qui a circulé lors de la réunion » de Paris et prépare sa réponse, selon un communiqué à Gaza du mouvement, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël.
Le premier ministre du Qatar, Mohammed Ben Abderrahmane Al Thani, dont le pays est le principal médiateur dans ce conflit, avait annoncé lundi qu’un cadre pour une trêve accompagnée de nouvelles libérations d’otages serait transmis au Hamas, faisant état de « progrès notables » à la réunion à Paris.
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a cependant affirmé qu’Israël ne « retirerait pas l’armée de la bande de Gaza » et ne libérerait pas « des milliers de terroristes » palestiniens, en échange d’otages.
Pour l’ONU, aucune organisation « ne peut remplacer » l’UNRWA
Les opérations d’aide aux civils de l’agence des Nations uniies (ONU) pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) sont à présent menacées après qu’Israël a accusé douze de ses 30 000 employés régionaux d’implication dans l’attaque du 7 octobre. Douze pays ont annoncé la suspension de leur aide à l’UNRWA.
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Cette polémique, « aussi importante soit-elle, détourne l’attention des près de 27 000 morts, dont 70 % de femmes et d’enfants » à Gaza, a déploré un porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Christian Lindmeier, à Genève. « Cela détourne l’attention du fait qu’une population entière est empêchée d’avoir accès à l’eau potable, à la nourriture, à des abris », et « est soumise à un bombardement continu », a-t-il insisté.
« Il n’y a en aucune manière d’organisation capable de remplacer ou de se substituer à la capacité énorme, au tissu de l’UNRWA, et à leur connaissance de la population de Gaza », a déclaré la coordinatrice humanitaire de l’ONU pour le territoire, Sigrid Kaag, à la presse, après une réunion à huis clos du Conseil de sécurité.
Le gouvernement israélien a accusé l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens d’être « fondamentalement compromise », en laissant notamment le mouvement islamiste Hamas « utiliser ses infrastructures » pour mener ses activités militaires et « cacher des terroristes ».
L’armée israélienne admet inonder les tunnels du Hamas
L’armée israélienne a admis envoyer « de gros volumes d’eau » dans des tunnels utilisés par le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza pour les « neutraliser », assurant ne pas compromettre pour autant l’accès à l’eau potable de la population civile. « Divers outils ont été développés pour envoyer de larges volumes d’eau dans les tunnels (…) », a ajouté l’armée dans un communiqué.
« Cette capacité a été développée de façon professionnelle, y compris l’analyse des caractéristiques du sol et des canalisations » dans les zones concernées pour s’assurer qu’il n’y a aucun dégât sur les nappes phréatiques, a-t-elle précisé, évoquant une méthode utilisée uniquement dans les lieux où c’était « approprié ».
Surnommé « le métro de Gaza » par les militaires israéliens, le dédale de galeries creusées par le Hamas sous la bande de Gaza a d’abord servi à contourner le blocus imposé par Israël après la prise de pouvoir du Hamas dans le territoire, en 2007. Des centaines de galeries ont été creusées sous la frontière avec le Sinaï égyptien pour faire circuler personnes, marchandises, armes et munitions entre Gaza et le monde extérieur.
Israël restitue des dizaines de corps exhumés, selon des responsables palestiniens
Des dizaines de corps ont été enterrés dans une fosse commune à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, après la restitution par Israël des dépouilles de Palestiniens exhumées, selon des responsables palestiniens, à l’Agence France-Presse (AFP). Un photographe de l’AFP a vu des habitants sortir d’un camion les corps enveloppés dans des sacs en plastique bleu pour les transporter vers une fosse commune.
Des employés du ministère de la santé de la bande de Gaza, administrée par le Hamas, les ont ensuite mis en terre, près de tentes de personnes déplacées par la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.
Selon une source du ministère des affaires religieuses du Hamas, les corps avaient été « volés » dans le cimetière de Bani Suheila, à l’est de Khan Younès, il y a deux semaines.