Close

Leïla Chaibi, une élue LFI « pirate » dans l’arène européenne

Leïla Chaibi, lors d’une session plénière du Parlement européen, à Strasbourg, le 15 mars 2023.

Rien ne prédestinait Leïla Chaibi à devenir députée européenne La France insoumise (LFI), qui plus est figure d’un des dossiers législatifs les plus tendus du moment : la régularisation des travailleurs des plates-formes. Ancienne militante du collectif Jeudi noir et de Génération précaire, brièvement passée au Nouveau parti anticapitaliste (NPA), elle a longtemps été championne des actions coup de poing, à l’instar des pique-niques gratuits de « faim de mois » dans les supermarchés, et des irruptions au siège de l’agence de notation Moody’s au cri de « AAA nous ne sommes pas des andouillettes ».

En 2019, quand elle est élue au Parlement européen dans la délégation de La France insoumise, elle vit d’abord l’institution comme « une machine à dépolitiser ». En publiant Députée pirate. Comment j’ai infiltré la machine européenne (Les Liens qui libèrent, 128 pages, 12 euros), mardi 23 janvier, elle raconte comment elle a fait sienne cette « machine », vue si négativement de prime abord par les cadres « insoumis ». Sans renier sa légitimité première, celle d’une « ancienne squatteuse », comme elle l’écrit.

Le député LFI de la Somme, François Ruffin, qui la préface, s’en félicite : « Franchement j’en suis surpris, heureux, qu’une députée européenne puisse être utile. Et sans perdre son âme. » En quatre ans, l’élue de 41 ans a réussi à peser pour la présomption de salariat des travailleurs des plates-formes (Uber, Deliveroo…) et a relevé au passage que, en matière européenne, les blocages n’étaient pas toujours imputables au fédéralisme.

Les révélations des « Uber Files » l’ont montré : Emmanuel Macron a été l’un des plus précieux alliés de la société californienne de VTC. Aujourd’hui encore, c’est la France qui bloque la directive sur les travailleurs des plates-formes, à l’heure où le sujet promet d’animer la campagne des élections européennes du 9 juin.

Lobbyistes « harcelants »

Au fil des pages et au détour des couloirs de Strasbourg et de Bruxelles, Leïla Chaibi fait la connaissance des lobbyistes, des plus fins aux plus « harcelants ». Elle se surprend à trouver sympathique le commissaire européen luxembourgeois à l’emploi et aux droits sociaux, Nicolas Schmit, à qui elle n’hésite pas à mettre la pression pour faire avancer sa cause. Elle parvient, parfois au pied de biche, à faire rentrer les premiers concernés, les chauffeurs et les livreurs, dans les lieux de décision, sous le regard ébahi des lobbyistes et de ses collègues députés.

« Une image m’a marquée dans cette aventure, ce jour où, devant le siège parisien d’Uber, des chauffeurs VTC étaient venus chanter leur victoire drapeau européen sur les épaules. Il disait beaucoup ce geste : ils s’étaient approprié tout ça, ces droits arrachés, parce qu’ils y avaient pris part », se souvient-elle.

Il vous reste 15% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top