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L’antechine, ce petit marsupial qui perd le sommeil à la saison des amours

Ils sont la version australienne du « vivre vite, mourir jeune » : des petits marsupiaux ressemblant à des souris, du genre Antechinus, dont les mâles ont la particularité d’être semelpares. La semelparité désigne la propriété de ne pouvoir se reproduire qu’une seule fois au cours de son existence et de tirer sa révérence. Ephémères, cigales, papillons, pieuvres et saumons en sont des exemples du règne animal, tout comme les céréales et les légumes chez les végétaux.

Mais, au rayon mammifères, seuls de rares marsupiaux, dont les antechines, ont adopté ce mode de reproduction radical et fatal : si les femelles peuvent vivre deux ans et avoir deux portées, les mâles disparaissent une fois leur devoir polygame accompli. Un destin tragique qui semble leur faire perdre le sommeil.

C’est ce que documente une étude publiée le 25 janvier dans Current Biology. L’équipe de John Lesku, de l’université La Trobe (Melbourne) a suivi pendant plusieurs années deux espèces d’antechines, en laboratoire et en semi-liberté, pour mesurer leur temps de sommeil, et l’évolution de divers paramètres physiologiques.

Maximiser les chances d’une descendance

Durant les trois semaines que dure la saison des amours, les mâles réduisaient leur temps de sommeil de 15 % – l’un d’eux allant jusqu’à le diminuer de moitié. Cela correspondait en moyenne à trois heures de moins par nuit. Cette veille supplémentaire serait, dans la nature, mise à profit pour combattre des rivaux et trouver des femelles, ce qui maximiserait les chances d’avoir une descendance.

Mesurer le temps de sommeil d’un tel animal n’est pas trivial. Il a d’abord fallu s’assurer que les périodes d’inactivité étaient bien des temps où les antechines étaient endormis. Cela a été fait en laboratoire, en conjuguant enregistrements cérébraux et accéléromètres. Les chercheurs australiens ont constaté que l’antechine sombre (Antechinus swainsonii) enchaînait jusqu’à 1 000 épisodes de sommeil par jour. Impressionnant, même si c’est dix fois moins que le manchot à jugulaire !

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Une fois cette corrélation établie, les chercheurs pouvaient faire confiance à l’accéléromètre placé sur l’animal pour disposer de données fiables sur l’évolution de son régime veille-sommeil. Il est ressorti clairement que, pendant les trois semaines d’août correspondant à la période de reproduction, les mâles voyaient leur temps de sommeil réduit, ce qui n’était pas le cas des femelles.

Pour tenter de mieux comprendre ce phénomène, les chercheurs se sont tournés vers une autre espèce, Antechinus agilis, et ont procédé à la collecte d’échantillons sanguins dans la nature. Le taux d’acide oxalique, biomarqueur de la perte de sommeil chez certains mammifères, a bien diminué pendant la période de reproduction. Mais il a baissé tant chez le mâle que chez la femelle. « Cela pourrait être l’indice qu’elles sont, elles aussi, privées de sommeil dans la nature, peut-être en raison du harcèlement des mâles », avancent John Lesku et ses collègues.

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