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Le repaire de Salvador Dalí, une cahute devenue un palais sensationnel

Dans un palace parisien, une journaliste française interviewe Salvador Dalí, son idole. L’entretien se passe mal. La jeune femme décide d’aller le voir chez lui, en Catalogne, pour lui arracher un peu de temps supplémentaire. Elle découvre alors l’excentricité au quotidien du maître, la Rolls, la même que celle d’Elvis, qui roule sur le sable, les tocades gastronomiques, les aphorismes incompréhensibles.

Dans Daaaaaalí !, en salle le 7 février, le réalisateur français Quentin Dupieux montre moins l’intimité de l’homme né en 1904 et mort en 1989 que la mythologie de l’artiste qui fut, avec Andy Warhol et Pablo Picasso, un des plus connus de son temps. Celui dont les envolées délectaient les téléspectateurs des talk-shows, ce personnage cravaté dont la moustache défiait la gravité, l’olibrius qui, dans une célèbre publicité, se disait « fou du chocolat Lanvin ». Il n’est pas question de l’homme qui composait des toiles à la complexité encore étudiée aujourd’hui, de l’intellectuel qui rêvait de mêler science, philosophie et art, ni de celui qui aura été un ardent soutien du régime du général Franco…

Daaaaaalí !, avec Anaïs Demoustier dans le rôle de la journaliste, et une myriade d’acteurs (Gilles Lellouche, Jonathan Cohen, Pio Marmaï, Edouard Baer et Didier Flamand) dans celui du peintre, a été tourné en partie en Espagne, en Catalogne, où l’artiste a vécu pendant des décennies. Est recréée à l’écran l’étonnante ambiance de son repaire à Portlligat, devenu un musée parmi les plus visités du pays.

C’est là que Coco Capitán, photographe espagnole basée à Londres, s’est rendue à l’été 2023. À la demande de l’éditeur barcelonais Apartamento, elle a, pendant plusieurs jours, tôt le matin, avant le déferlement des visiteurs, arpenté les différents espaces. Ses images sont rassemblées dans un ouvrage, publié en novembre. « Ce qui me frappe, c’est la lumière qui baigne les lieux, le soleil enveloppe tout, décrit-elle. On comprend qu’il aimait aussi les lieux pour cela. L’endroit est idéal pour un peintre. » Lui-même s’enorgueillissait d’ailleurs d’être le premier Espagnol à voir le soleil se lever, Portlligat étant situé dans la partie la plus orientale de la péninsule Ibérique.

« Une véritable structure biologique »

Ce bout de Catalogne, l’artiste le fréquentait bien avant qu’il ne soit « Daaaaaalí ». Son père, notaire (comme l’était celui de Marcel Duchamp, le surréalisme devant beaucoup à la profession), est un bourgeois de Figueras, à quelques kilomètres de là. Enfant, il parcourt ces plages de la Costa Brava. Adulte, il part pour Madrid, puis Paris, sans jamais oublier sa région natale. En France, il rencontre Elena Ivanovna Diakonova (1894-1982), que tout le monde appelle Gala. De dix ans son aînée, elle est l’épouse du poète Paul Eluard et la maîtresse du peintre Max Ernst. Ils tombent amoureux et veulent s’installer à Cadaquès. Mais la famille Dalí refuse que leur fils s’affiche avec une femme divorcée et déjà mère.

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