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« Vingt-cinq ans après la naissance de l’euro, l’industrie européenne est en passe d’être laminée par l’industrie chinoise »

Ni bougies ni cotillons. En ce début d’année, l’euro fête ses 25 ans. Le 1er janvier 1999, il devenait la monnaie officielle des onze Etats de la toute nouvelle zone euro, qui adoptèrent pièces et billets en 2002. Si, aujourd’hui, personne n’a à cœur de sabrer le champagne, cela tient sans doute à l’actualité douloureuse qui, entre les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine, et la vigueur des tensions géopolitiques, est peu propice aux festivités. Les optimistes souligneront néanmoins que l’euro est aujourd’hui tellement entré dans les mœurs que son anniversaire est un non-événement.

Les Européens en sont-ils satisfaits ? Quel bilan tirer de son quart de siècle ? L’exercice est délicat, car durant cette période, d’autres phénomènes ont modelé l’économie européenne, tels que l’élargissement à l’Est et la montée en puissance de la Chine. Une chose est tout de même à inscrire dans la colonne des « plus » : l’euro a facilité le quotidien des citoyens et des entreprises concernés en abolissant les frais et les risques de change au sein de la zone.

Alors que nombre d’économistes anglo-saxons prédisaient sa mort certaine, il a résisté à des crises majeures. Celle des subprimes en 2008, celle des dettes en 2010, puis la crise énergétique et inflationniste liée à la guerre en Ukraine, en 2022. Chaque fois, les institutions de l’euro en sont sorties renforcées. La Banque centrale européenne a élargi ses pouvoirs en rachetant des dettes publiques et en devenant le superviseur bancaire unique. Les Européens ont instauré des garde-fous et des mécanismes de solidarité. En dépit de la montée des populismes, les discours favorables à une sortie de la monnaie commune, encore fréquents durant la crise de 2010, ont reflué.

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Seulement voilà : l’euro, comme le marché unique qu’il parachève, a accentué la concentration de l’industrie européenne sur la dorsale courant de la mer du Nord au nord de l’Italie, au détriment des régions périphériques. Le tout accéléré, soulignons-le, par certaines politiques nationales à côté de la plaque, comme le fantasme d’une « France sans usines » longtemps en vigueur chez nous.

Grande naïveté

Il en résulte un bilan contrasté. Depuis 1999, le taux d’emploi a augmenté dans l’union monétaire, et le taux de chômage des jeunes a reflué. En revanche, la proportion de personnes vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté, passant d’un peu moins de 15,5 % de la population à un peu plus de 16,5 %. Au reste, l’euro n’est pas devenu la grande devise internationale qu’il aspirait à être : son poids dans les échanges mondiaux est proche de la somme des monnaies nationales qu’il a remplacées.

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