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En grave difficulté, le secteur du nickel en grève en Nouvelle-Calédonie

Un salarié travaille dans l’usine de production de ferronickel Koniambo Nickel SAS (KNS), le 1ᵉʳ novembre 2023.

En Nouvelle-Calédonie, des salariés et sous-traitants de l’industrie du nickel ont fait grève, jeudi 25 janvier, pour inciter les actionnaires des trois usines de raffinage du territoire, au bord de la faillite, à participer au redressement du secteur. La combinaison de mauvais rendements, d’une énergie coûteuse et d’une forte concurrence étrangère ont fait plonger dans le rouge les trois manufactures (KNS, SLN et Prony Resources) traitant le nickel extrait dans l’archipel, poussant le gouvernement à se pencher sur leur sort.

Le mouvement a été lancé par le Syndicat général des travailleurs de l’industrie de Nouvelle-Calédonie (SGTI-NC) et rejoint par une organisation patronale de sous-traitants et des groupements d’intérêts économiques. Il n’a pas entraîné de perturbation de la production ou de blocage d’axe.

A Nouméa, une centaine de personnes se sont rassemblées devant le siège de Prony Resources, tandis que devant l’usine, située dans le sud du territoire, une trentaine de manifestants ont déployé des engins miniers devant l’entrée du site, sans entraver la circulation. « On a voulu alerter, mais sans pénaliser la production », a expliqué Glen Delathière, délégué syndical SGTI-NC à la Société Le Nickel (SLN), les trois usines étant « dans une urgence absolue ».

« Pacte nickel »

En Nouvelle-Calédonie, près de 25 % des emplois dépendent de la mine et de la métallurgie, selon un rapport de l’inspection générale des finances.

Un « pacte nickel », censé relancer le secteur, est en négociation, à l’initiative du ministre de l’économie, Bruno Le Maire, qui a dit souhaiter en novembre que les négociations aboutissent d’ici la fin de janvier. Le pacte prévoit une subvention de l’Etat et des collectivités pour baisser le prix de l’électricité, un des principaux facteurs de surcoût du nickel calédonien, et une aide à la transition énergétique. Les industriels espèrent aussi un financement direct, sans lequel ils estiment la survie immédiate impossible. En novembre, M. Le Maire estimait les besoins immédiats en financement des trois usines à 1,5 milliard d’euros.

La SLN, l’industriel historique, est fortement endettée, à hauteur de 493 millions d’euros, et son actionnaire majoritaire, Eramet, a confirmé en octobre qu’il n’injecterait pas plus d’argent dans sa filiale. La cessation de paiement n’est « qu’une question de semaines », selon le directeur général de la SLN, Jérôme Fabre.

L’usine Prony Resources est quant à elle placée sous mandat ad hoc (une procédure préventive de règlement des difficultés destinée aux entreprises qui ne sont pas en cessation des paiements) avec un endettement qui atteignait 149 millions d’euros à la fin de 2022.

L’usine de production de ferronickel Koniambo Nickel SAS (KNS) affiche, elle, une dette record de 13,7 milliards d’euros. La province Nord en est actionnaire à 51 %. Glencore, actionnaire à 49 %, mais qui en assume seul les pertes financières, a déjà englouti 13,8 milliards d’euros dans le projet, soit 1,5 fois le PIB de la Nouvelle-Calédonie. KNS envisage désormais la mise en sommeil de son site industriel.

Le Monde avec AFP

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