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Une agricultrice tuée en Ariège dans un accident sur un barrage routier ; Marc Fesneau se rend sur place

Sur les lieux de l’accident,  à un barrage d’agriculteurs à Pamiers, dans la région de l’Ariège, le 23 janvier 2024.

Une agricultrice a été tuée et son mari et sa fille ont été grièvement blessés après qu’ils ont été renversés, mardi 23 janvier à l’aube, sur un barrage routier d’agriculteurs dans l’Ariège. Dans un communiqué en début de matinée mardi, la préfecture de l’Ariège a précisé que l’accident est survenu à 5 h 45 « à hauteur du pont de la RD 119 » à Pamiers, « sur les lieux de la manifestation agricole ».

Selon une source policière, une « voiture a foncé sur le barrage pour une raison inconnue ». La personne morte, Alexandra Sonac, élevait, avec son mari, des vaches laitières et cultivait du maïs dans le village de Saint-Félix-de-Tournegat (Ariège). Son conjoint de 40 ans, « grièvement » blessé, et leur fille adolescente, « dans un état critique », sont toujours hospitalisés, selon le parquet de Foix.

Une enquête judiciaire a été ouverte pour homicide involontaire aggravé et blessures aggravées, a annoncé le procureur de Foix, Olivier Mouysset, dans un communiqué. Les trois occupants de la voiture – un homme et deux femmes de nationalité arménienne –, ont été placés en garde à vue dans le cadre de l’enquête ouverte. Selon une source proche de l’enquête à l’AFP, les trois occupants sont sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), après avoir été déboutés de leur demande d’asile.

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Le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, s’est rendu à Pamiers en fin d’après-midi mardi. « Nous témoignons l’émotion du gouvernement au monde agricole », a-t-il déclaré à son arrivée. « Les agriculteurs sur les barrages, ils ont d’abord besoin qu’on les écoute, qu’on les comprenne et qu’on réponde. Et c’est ça qu’on va faire », a promis M. Fesneau. « On parle de simplification depuis vingt-cinq ans, maintenant il faut que ça change », a-t-il poursuivi, en ajoutant que le « premier ministre s’[était] engagé à apporter des réponses rapides, dans le courant de la semaine ».

« Plus de barrage en Ariège »

Pour l’heure, les premiers éléments recueillis sur l’accident permettent au parquet d’affirmer que « les faits en cause ne paraissent pas revêtir un caractère intentionnel ». Le véhicule, circulant dans le sens Toulouse-Andorre, « a emprunté la route nationale 20, malgré le dispositif mis en place pour en interdire l’accès ». « En circulant sur la double voie, leur véhicule a percuté, en pleine nuit, et sans éclairage public à proximité, un mur de bottes de paille. (…) Le véhicule a alors percuté trois personnes, avant de finir sa course contre la remorque d’un tracteur », a expliqué le procureur.

Le préfet de l’Ariège, Simon Bertoux, a annoncé la levée du barrage « par respect pour la famille ». « Il n’y aura plus de barrage en Ariège », a-t-il poursuivi lors d’une conférence de presse. « Dans le moment particulier que vit l’agriculture, ce genre de drame est difficile à vivre », a réagi le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, sur RMC. L’accident « vient souligner la nécessité qu’on a d’être parfaitement organisés, de faire en sorte de respecter les consignes de sécurité, parce que ce qui est important pour nous est de faire passer nos messages », a-t-il aussi pointé, appelant « tout le monde au calme et à la raison et à faire en sorte que cette colère s’exprime dans le respect des biens et des personnes ».

« Ras-le-bol »

La victime avait été interrogée la veille de sa mort par l’antenne locale Radio Transparence alors qu’elle était présente sur le barrage routier situé sur la RN20. Alexandra Sonac évoquait dans cette interview les difficultés d’accès à l’eau pour l’irrigation et la maladie hémorragique épizootique (MEH), qui touche son bétail.

« Avec la nouvelle maladie, on a encore plus de contraintes, des prises de sang à faire pour pouvoir vendre… », soupirait-elle. « On fait partie des seuls métiers pour lesquels on a des produits dont on ne décide pas le prix de vente », déplorait-elle, dénonçant un état de fait « inadmissible », le tout générant un « ras-le-bol » profond, « la goutte d’eau qui fait déborder le vase ».

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« J’ai quand même une famille à nourrir. (…) Moi, j’ai deux enfants à charge et on vit pour elles. On part pas en vacances, on n’a pas de jours de repos, aucun plaisir avec nos enfants », regrettait-elle alors durant cet entretien.

La mobilisation durera « le temps qu’il faudra », selon la FNSEA

Des agriculteurs manifestent depuis quelques jours leur mécontentement, entre autres par des blocages de route, pour réclamer des mesures allant de la simplification administrative à des indemnisations plus rapides en cas de calamités.

Dans le Sud-Ouest, le barrage sur l’A64 à hauteur de Carbonne (Haute-Garonne) restait en place et d’importantes perturbations étaient signalées sur les axes A61, A62 et A20. Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, la circulation est partiellement coupée sur l’A7 à hauteur Saint-Rambert-d’Albon (Drôme), tout comme à hauteur de Valence sud.

Dans les Hauts-de-France, les agriculteurs comptent poursuivre le blocage mis en place à la mi-journée mardi près d’Amiens et organiser de nouvelles manifestations, en particulier dans l’Aisne et le Pas-de-Calais. Selon la préfecture de la région, « l’accès aux différentes plates-formes transmanche [tunnel sous la Manche et port desservant l’Angleterre] est susceptible d’être perturbé ». La mobilisation peut durer « une journée », « une semaine » ou « le temps qu’il faudra pour que les réponses soient apportées », avait prévenu M. Rousseau mardi, qui a rencontré le premier ministre, Gabriel Attal, et le ministre de l’agriculture lundi soir à Matignon.

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Le Monde

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