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La Chine mise sur les singes transgéniques pour la recherche scientifique

A l’Institut de zoologie de Kunming (Chine), en mars 2018.

Des chercheurs chinois ont créé des macaques transgéniques un peu plus « humains » que leurs congénères. Placés face à une vitre percée de la taille de leur bras, ces singes génétiquement modifiés ont mieux réussi à attraper de la nourriture placée sur des points difficiles d’accès que les singes normaux. D’autres tests démontrent que le gène qui a été ajouté à leur génome, SRGAP2C, est bien impliqué dans le développement du cerveau. L’étude conduite par le professeur Su Bing, de l’Institut de zoologie de Kunming (Yunnan), qui dépend de l’Académie des sciences de Chine, a été publiée en novembre 2023 dans une revue scientifique chinoise.

C’est la deuxième étude de cette équipe à tester sur des primates non humains (PNH) l’influence de l’ajout de la version humaine d’un gène exprimé dans notre cerveau. En 2019, elle avait défrayé la chronique avec une expérience impliquant un autre gène, MCPH1, dont le dysfonctionnement chez l’homme engendre une microcéphalie. Déjà, les macaques transgéniques avaient connu un développement cérébral plus lent, conforme à ce que l’on observe chez l’humain, mais avaient montré une mémoire supérieure à leurs congénères non modifiés. Un résultat spectaculaire qui avait mis en alerte certains éthiciens occidentaux. Selon Su Bing, ces recherches permettent de mieux comprendre les millions d’années d’évolution qui ont permis aux humains de s’éloigner des singes.

Dans ce domaine de la modification génétique des PNH, la Chine est en avance. Idem pour le clonage : le 15 janvier, une équipe de l’Institut de neurosciences de Shanghaï a publié un article expliquant le succès d’une nouvelle technique de clonage ayant abouti à la naissance, il y a deux ans, d’un macaque rhésus, toujours en vie. Les biologistes chinois estiment avoir identifié un moyen d’améliorer un peu le succès des procédures de clonage. Depuis celui de la brebis Dolly, en 1996, le taux de réussite de ces procédures est faible : de 1 % à 3 % pour la plupart des espèces et de 5 à 20 % pour le bétail.

Pour la recherche scientifique, la transgenèse et le clonage sont des outils prometteurs : disposer de cohortes de singes au génome identique, comme pour les souris de laboratoire, est intéressant. Et la modification de leurs gènes permet de mieux comprendre à la fois l’évolution et, potentiellement, certaines maladies humaines.

Une reproduction lente

« Les singes ont un rôle irremplaçable dans l’étude du fonctionnement du système nerveux central et des maladies neurologiques, telles la maladie de Parkinson et la maladie d’Alzheimer », affirme Su Bing. Pour autant, la recherche n’est pas prête à réaliser des lignées de macaques au cerveau « humanisé », estime le chercheur. « La première question est éthique : il ne me paraît pas approprié d’éditer certains gènes, tels que ceux impliqués dans le développement du langage, par exemple. Pour l’instant, nous avons sélectionné les gènes que nous modifions avec attention. Ensuite, il y a des obstacles techniques. Malgré l’outil Crispr-cas9, l’édition du génome des singes reste très difficile. »

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