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En Russie, la petite République du Bachkortostan manifeste sa colère après la condamnation d’un militant nationaliste et écologiste

 La police antiémeute russe face aux manifestants, dans la ville de Baïmak, dans la région centrale du Bachkortostan, le 17 janvier 2024.

Des manifestations sans précédent ont lieu depuis plusieurs jours dans la République du Bachkortostan, à plus de 1 000 kilomètres de Moscou, où vit une importante communauté musulmane et turcophone, dont la composante masculine a été largement mobilisée pour aller combattre en Ukraine depuis l’invasion russe du 24 février 2022. Un tel mouvement populaire est extrêmement rare en Russie, où la moindre critique publique est passible d’emprisonnement.

Vendredi 19 janvier, bravant la police antiémeute et le froid intense (- 20 °C), près d’un millier de personnes ont défilé à Oufa, la capitale de la République, pour réclamer pacifiquement la libération du militant écologiste Faïl Alsynov, 37 ans, condamné deux jours plus tôt à quatre ans de prison pour « incitation à la haine ethnique ».

Rassemblés sur la grand-place Salavat Ioulaïev, les manifestants ont marché, dansé et chanté des chansons en langue bachkire. Plusieurs d’entre eux ont été interpellés et emmenés par la police. Les images du rassemblement ont largement été diffusées par le site d’information indépendant Sota vision.

Il s’agit de la troisième manifestation organisée au Bachkortostan cette semaine en soutien à Faïl Alsynov, la figure de proue du mouvement nationaliste et écologiste local, une personnalité très respectée chez les Bachkirs.

« A quoi bon vivre si l’on ne peut pas s’exprimer librement ? »

Lundi 15, puis mercredi 17 janvier, près de 5 000 personnes s’étaient rassemblées dans la petite ville de Baïmak, 17 000 habitants, dans le sud de la République, où le militant était jugé à huis clos. « A quoi bon vivre si l’on ne peut pas s’exprimer librement ? », a-t-il déclaré avant sa comparution, selon un enregistrement audio diffusé sur les ondes de Radio Svoboda (Radio Liberty en langue russe).

Mercredi, peu après l’énoncé du verdict, des affrontements ont éclaté. La police a dispersé brutalement la foule qui était occupée à jeter des paquets de neige et tout ce qu’elle pouvait sur les forces antiémeutes. Plusieurs manifestants ont été blessés, d’autres ont été arrêtés. Neuf parmi les interpellés ont été condamnés à des peines allant de huit à quinze jours de prison, selon un communiqué du tribunal municipal.

Ethniquement mixte (Russes 37,5 %, Bachkirs 31,5 %, Tatares 24,2 %), la République est traversée par deux revendications majeures, la défense de l’environnement et le respect des droits des peuples autochtones.

En 2020, des militants et des citoyens ordinaires s’étaient opposés à un projet d’exploitation minière sur le mont Kouchtaou, considéré comme un lieu sacré par les Bachkirs. L’entreprise qui exploite le site, la Bashkir Soda Company (BSK), est liée aux milliardaires Boris et Arkadi Rotenberg, des amis d’enfance du président Vladimir Poutine. Pour avoir coordonné les manifestations, Faïl Alsynov se retrouve alors dans la ligne de mire du Kremlin. La même année, son association culturelle, Bachkort, est interdite.

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