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Sciences : à quoi rêvent les jeunes chercheurs ?

Notre société compte sur eux pour imaginer les solutions de demain. Mais à quoi aspirent les jeunes scientifiques ? Dans un siècle où se mêlent les défis environnementaux, énergétiques et médicaux, dans un moment où l’accélération des découvertes en informatique, notamment en intelligence artificielle (IA), soulève de nouvelles problématiques éthiques, nous leur avons lancé un appel sur le site du Monde : « Vous finissez votre thèse, êtes postdoc ou désormais en poste. Quel serait, dans un monde idéal, votre rêve, le sens que vous voudriez donner à votre recherche ? » Une question large, suivie d’interrogations plus terre à terre : « Par quoi avez-vous été étonné(e), en bien ou en mal, dans ces premières années d’expérience ? » ; « Si vous aviez une baguette magique, que voudriez-vous modifier ? », etc.

Première observation : ces jeunes chercheuses et chercheurs ont eu très envie de s’exprimer, puisque 187 témoignages de France et du monde entier (Pérou, Finlande, Etats-Unis, Canada, Japon…) nous sont parvenus en vingt heures à peine. Autre constat : la tonalité de leurs messages a été en demi-teinte, parfois franchement sombre. Les rêves, s’ils sont exprimés, s’accompagnent souvent d’entraves.

« Bousculer le monde »

« Je n’ai eu aucune surprise au début de ma carrière, car j’étais prévenu : pas d’argent, pas de temps et beaucoup d’administratif, résume tout de go le bio-informaticien Pierre Marijon, 31 ans. Etant un homme, j’ai quand même eu la chance d’éviter sexisme et violences sexuelles. » Après avoir participé « à la création du premier “pangénome” humain [cartographie du patrimoine génétique humain dans toute sa diversité] », le chercheur, alors postdoc (un contrat de recherche à durée déterminée après le doctorat) en Allemagne, a quitté le monde purement académique pour un laboratoire parisien affilié au plan France Médecine génomique.

« La recherche accueille des esprits brillants capables de bousculer le monde », raconte Vaitea Opuu, chercheur à l’intersection entre IA et biologie, qui en est à son deuxième postdoc à Paris, après un premier à l’Institut Max-Planck de Leipzig (Allemagne). « Les laboratoires dépendent des doctorants et postdocs pour fonctionner, ce qui conduit à une surproduction de chercheurs. Comme le système académique ne peut offrir un emploi à tous, cela crée un environnement désolant où de nombreux collègues sont contraints de partir. »

Ce manque de sécurité et de stabilité a d’importantes conséquences sur les pratiques de recherche, estime le biologiste marin Nicolas Djeghri, 30 ans, postdoc à Plymouth, en Angleterre. « Le temps long n’a pas sa place, il faut toujours avoir un projet ou un résultat de recherche sexy à l’instant T. (…) Or nous avons précisément besoin de réflexion à long terme, au vu des défis extrêmement complexes auxquels nous sommes confrontés. »

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