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Baisse des naissances : un défi pour notre modèle social

Parmi les pays développés, la France a longtemps fait figure d’exception en se tenant à l’écart d’un mouvement mondial de baisse des naissances. Le bilan démographique de 2023, dressé mardi 16 janvier par l’Insee, tend à montrer que le pays rentre dans le rang. Pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale, moins de 700 000 naissances ont été enregistrées, soit une baisse de 20 % par rapport à 2010. Le nombre de nouveau-nés pour 1 000 habitants a été divisé par deux par rapport à 1950. Le taux de fécondité est tombé à 1,68 enfant par femme en âge de procréer, s’éloignant encore un peu plus du seuil de renouvellement des générations, fixé à 2,1.

Lire aussi le décryptage | Article réservé à nos abonnés La chute des naissances s’est poursuivie en 2023 dans une France vieillissante

La liste des raisons qui conduisent à renoncer à faire des enfants n’a cessé de s’allonger, chacune jouant un rôle difficile à quantifier. La succession des chocs (économiques, sanitaire, géopolitiques) a créé un climat d’incertitude peu propice au désir d’enfant. La remise en cause de l’universalité des aides, l’insuffisance de la disponibilité des modes de garde, la crise du logement qui frappe plus particulièrement les jeunes ménages, les choix personnels, l’angoisse face à la catastrophe climatique : les facteurs sont multiples et peuvent parfois s’additionner.

A ce stade, la grande majorité des démographes refusent d’en conclure que la France serait entrée dans un « hiver démographique ». On peut tenter de se rassurer en se disant que la France reste la championne de la fécondité en Europe, que le nombre de naissances a déjà connu dans le passé des accès de faiblesse avant de rebondir, que la situation en Italie ou en Espagne est autrement préoccupante.

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Tout cela est vrai, mais il est difficile d’ignorer la tendance de fond : la baisse des naissances concerne désormais toutes les classes d’âge de femmes en capacité de procréer. Le fait que l’on fasse des enfants de plus en plus tard ne suffit plus à l’expliquer à lui seul. Le mal est plus profond, et nous devons nous en inquiéter sans délai, car les conséquences seront majeures. De leur anticipation dépendra notre capacité à les surmonter.

Vieillissement accéléré

Lors de sa conférence de presse, mardi 16 janvier, Emmanuel Macron a promis un « réarmement démographique » en évoquant notamment la création d’un « congé de naissance » proposé aux deux parents, qui serait plus court, mais mieux rémunéré que le congé parental actuel, ainsi qu’un plan de lutte contre l’infertilité. Quelles que soient les modalités de ces dispositifs, il ne faut pas en attendre de miracle. Les politiques familiales peuvent infléchir les tendances, rarement les inverser. Le choix de faire un enfant reste, pour une grande part, du ressort de l’intime, et l’aboutissement d’une décision individuelle.

L’affaissement du taux de fécondité, année après année, est en train d’accélérer le vieillissement de la France. La baisse des naissances, conjuguée à l’augmentation de l’espérance de vie, représente un immense défi pour le financement de notre système de protection sociale, qui repose en grande partie sur une démographie dynamique.

Alors que les comptes de la Sécurité sociale sont déjà dans le rouge et que le nombre d’actifs baisse inexorablement par rapport à celui des retraités, le statu quo ne sera pas tenable. Sans un recours calibré à l’immigration et une remise à plat équitable des contributions de chacun, la pérennité du système est menacée. L’impossibilité d’en débattre de façon éclairée est préoccupante.

Le Monde

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