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« L’actuelle politique de protection et de préservation de l’eau ressemble à une pièce de théâtre en trois actes »

Le 31 décembre 2022, le président Macron interrogeait notre capacité collective à prédire la gravité du changement climatique et ses conséquences, après que la France a connu une intense sécheresse occasionnant des ruptures d’alimentation en eau potable dans plus de 700 communes. Il est vrai qu’aucune pythie ne s’était exprimée à ce sujet. Néanmoins, le risque de rupture, comme celui d’une possible non-potabilité de l’eau due à la pollution de la ressource, était connu depuis des décennies grâce aux travaux scientifiques.

Mais passons sur cette justification commode du président pour éviter la critique de l’inaction publique. La solennité de son propos laissait penser que l’Etat prenait conscience de l’importance de la crise environnementale et de l’urgence à agir, et que la planification écologique allait être placée au centre de l’agenda gouvernemental.

Or l’actuelle politique de protection et de préservation de l’eau ressemble davantage à une pièce de théâtre en trois actes, dont la séquence de la pythie constitue l’ouverture. Les deux actes suivants sont la farce et le drame postmoderne.

Un « catalogue » de mesurettes

En réponse à la crise hydrique, un plan eau fut annoncé fin mars 2023. Jugé « très complet » par Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, ce plan allait « faire bouger nos usages » grâce à une courageuse politique de gestion intégrée des ressources, impliquant tous les secteurs et leurs acteurs.

Quel ne fut pas l’étonnement de la communauté scientifique à la lecture des cinquante-trois mesures. Une farce ! Il s’agit de mesures préexistantes, à peine dépoussiérées. La sobriété des usages, l’optimisation des ressources et la préservation de la qualité des eaux brutes reposent sur un fantasme technosolutionniste. L’amélioration de la gouvernance de l’eau se résume à « encourage[r] » les acteurs locaux à préciser leurs projets de territoires et leurs priorités d’usages. Le volet économique se cantonne à annoncer de menues revalorisations des aides des agences de l’eau et à inciter les collectivités à réviser leurs politiques tarifaires. Enfin, le plan entend soutenir la recherche et l’innovation par le biais d’« appels à projets » concurrentiels.

En bref : un plan eau bien en deçà des attentes des acteurs opérationnels et scientifiques, que d’aucuns qualifient de « catalogue » de mesurettes. A peine les spectateurs ont-ils eu le temps de rire de la farce que la pièce tourne au drame. Certes, la séquence était pressentie avec la répression violente des manifestants écologistes comme à Sainte-Soline, et la qualification de ces derniers d’« écoterroristes » par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin.

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