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Vie et mort du gigantopithèque d’Asie, le plus grand singe ayant jamais existé

Reconstitution d’un « Gigantopithecus blacki », au Musée de l’homme de San Diego (Etat de Californie) en 2003.

Cet animal est quasiment un mythe. Par ses dimensions, d’abord : 3 mètres de haut, 250 kg de force brute. Jamais aucun primate n’a atteint de tels sommets. A côté de lui, sur les planches scientifiques, la silhouette du gorille paraît presque enfantine. En le nommant « gigantopithèque » – Gigantopithecus blacki, pour être précis – en 1935, le chercheur allemand Gustav von Koenigswald n’a pas forcé son talent. Ni les cryptozoologues forcé leur imagination pour en faire l’ancêtre supposé du yéti.

Il faut dire que trois mystères ont longtemps entouré les quelque deux millions d’années d’existence de la bête. D’abord, l’extrême rareté des restes fossiles mis en évidence depuis la découverte d’une première dent, chez un apothicaire chinois, au début du XXe siècle. En tout, une centaine de quenottes et quatre mandibules partielles… Mais pas de crâne, ni de corps. Yingqi Zhang, de l’institut de paléontologie de Pékin, a eu beau fouiller des centaines de grottes du sud de la Chine depuis dix ans, il est resté bredouille.

Deuxième énigme : sa place sur l’arbre phylogénétique des primates, longtemps sujet à débat. Depuis 2020, l’affaire est entendue : Giganto est un cousin direct de Pongo, mieux connu sous son nom usuel d’« orang-outan ». Notre dernier ancêtre commun date donc d’il y a 15 millions d’années. Eloigné, mais finalement assez proche. Bien plus, en tout cas, que les autres géants disparus, dinosaures et mammouths.

Du stress dans les dents

Un troisième mystère poursuivait l’animal, sur lequel Yingqi Zhang et des collègues de cinq institutions australiennes ont levé le voile, jeudi 11 janvier, dans la revue Nature. « Pourquoi a-t-il disparu, alors que tous les autres grands singes parvenaient à survivre ? », résume Kira Westaway, spécialiste de la datation des sédiments à l’université Macquarie à Sydney. Pour tirer l’histoire au clair, l’équipe de chercheurs a d’abord appliqué pas moins de cinq techniques différentes de datation, tant aux dents retrouvées dans les grottes qu’aux sédiments qui les entouraient. Vingt-deux grottes ont été passées au tamis des chercheurs. Ils ont ainsi construit une sorte de chronologie, allant de l’apparition du géant, il y a quelque 2,2 millions d’années, jusqu’à sa disparition, il y a environ 250 000 ans. De quoi tordre le cou à l’une des théories, qui attribuait aux humains la responsabilité de cette extinction. A l’époque des faits, aucun Sapiens ne pointait encore en Asie.

Alors qui a tué Giganto ? La réponse, le géochronologue français Renaud Joannes-Boyau, maître de conférences à la Southern Cross University, en Australie, l’a dénichée dans les dents de l’animal. L’analyse de l’émail permet en effet de retrouver tout à la fois l’évolution du régime alimentaire, de certains comportements et du stress subi. A quoi s’est ajoutée une étude des pollens présents dans les couches sédimentaires. « Un scénario assez clair s’est dégagé », insiste Renaud Joannes-Boyau. Avec un responsable : le climat.

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