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Guerre Israël-Hamas : l’ancien juge Aharon Barak sorti de sa retraite pour défendre l’Etat hébreu devant la Cour internationale de justice

Aharon Barak, ancien président de la Cour suprême israélienne, lors d’une conférence de presse avec les familles d’otages, à Tel-Aviv, le 3 novembre 2023.

A la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye, devant laquelle Israël est accusé de commettre un génocide à Gaza, le gouvernement israélien a dépêché le plus grand juge de son histoire récente. Sorti de sa retraite à 87 ans, Aharon Barak prêtera serment devant la plus haute juridiction de l’ONU, jeudi 11 janvier, et siégera aux côtés des quinze magistrats de la Cour.

Ce vieil homme, à la santé fragile, entendra les arguments de l’avocat de l’Afrique du Sud, qui a déposé une plainte, le 23 décembre 2023, pour violation de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée à Paris, en 1948, au lendemain de la seconde guerre mondiale et de la naissance de l’Etat d’Israël, qui en est signataire.

Reconnu et respecté par ses pairs à l’étranger, M. Barak porte aussi à La Haye l’expérience d’un survivant de la Shoah, qui a fui le ghetto de Kovno (aujourd’hui Kaunas), en Lituanie, à l’âge de 8 ans, en mai 1944. Membre de la Cour suprême israélienne dès 1978, président durant onze ans de cette institution, jusqu’en 2006, M. Barak est considéré par une grande partie de son pays comme une autorité morale. Il est vu comme le « grand rabbin » de la gauche israélienne.

Artisan de la « révolution constitutionnelle » de 1995, il a contribué à asseoir la défense des libertés fondamentales et des droits humains dans les Lois fondamentales, l’embryon de Constitution de son pays qui ne s’est jamais doté d’un tel texte. Il a aussi œuvré pour systématiser le pouvoir de supervision des juges sur l’action de la majorité élue.

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C’est cet héritage que la droite au pouvoir a tenté d’effacer en 2023, par une réforme censée soumettre la Cour suprême et les conseillers légaux du gouvernement à l’autorité sans borne de la majorité élue. Au fil des débats, ces parlementaires ont fait de M. Barak l’incarnation d’un « Etat profond » contrôlé par des juges, des policiers et des médias de gauche, alimentant pendant huit mois une campagne de dénigrement violente.

« Consensus en sa faveur »

Son envoi à La Haye, acté par le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a suscité des critiques du ministre de la justice, Yariv Levin, qui a précisé n’avoir pas été consulté, ainsi que de ministres de l’extrême droite religieuse, fervents défenseurs de la réforme. Début janvier, ils s’étaient déjà insurgés lorsque la Cour suprême avait refusé le premier volet de leur réforme, voté dans la tourmente en juillet 2023, finissant ainsi par enterrer leur projet. « Malgré les nombreux désaccords sur les questions intérieures, M. Barak a largement agi au nom d’Israël sur les questions internationales », a salué M. Nétanyahou, mercredi. « Il y avait une forme de consensus en sa faveur », précise sa successeure à la tête de la Cour suprême, Dorit Beinisch.

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