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Le discret conflit d’intérêts de Thomas Cazenave, ministre délégué aux comptes publics

Thomas Cazenave, aux côtés d’Elisabeth Borne, en septembre 2023 à l’Elysée.

Ce sont 300 millions d’euros d’économie dont le gouvernement ne se félicite pas. En 2023, une bonne partie des 2,4 milliards d’euros budgétés pour la rénovation énergétique des logements n’a pas été dépensée, par manque de dossiers déposés par des foyers français. L’une des raisons de ce couac réside dans la difficulté à « trouver des personnels formés pour conduire des rénovations », déplorait récemment le ministre délégué aux comptes publics, Thomas Cazenave.

Ce constat, M. Cazenave l’a fait bien avant d’entrer au gouvernement. Il y a même vu une occasion, qui l’a conduit à créer, à l’été 2021, une école de la rénovation énergétique (éRE) à Bordeaux. Le ministre délégué détient à ce jour 54 % du capital de l’établissement, une participation estimée à 105 672 euros, selon sa déclaration d’intérêts déposée auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).

Ce potentiel conflit d’intérêts ne concerne qu’une partie du vaste portefeuille ministériel dont Thomas Cazenave a hérité le 21 juillet 2023. Mais l’intéressé a ignoré pendant plusieurs mois les risques d’interférence entre cette casquette et sa gestion des affaires publiques.

Toujours un œil sur les affaires de l’école

Haut fonctionnaire, Thomas Cazenave est un fidèle d’Emmanuel Macron, dont il a été directeur de cabinet au ministère de l’économie, avant de figurer parmi les créateurs d’En marche. Après une sévère défaite électorale aux municipales de 2020 à Bordeaux, il se lance dans la formation professionnelle en juillet 2021, avec quatre associés. Un premier campus est monté à Bordeaux, puis deux autres, à Biarritz et à Rennes.

En deux ans, l’éRE forme à ces problématiques environ 200 chefs de projet et ouvriers de la rénovation énergétique, ainsi qu’une centaine de cadres du privé. Ses programmes de formation durent trois mois, et sont financés grâce à des fonds régionaux, des aides de Pôle emploi ainsi que le compte personnel de formation des élèves.

Thomas Cazenave, lui, n’apparaît nulle part sur le site de l’éRE. Il s’en est officiellement mis en retrait en juillet 2022, quittant le conseil stratégique de l’établissement dans la foulée de son élection comme député Renaissance de la première circonscription de Gironde.

Contacté par Le Monde, l’intéressé nie tout conflit d’intérêts. Il assure que le déontologue de l’Assemblée nationale « a estimé qu’il n’y avait pas d’incompatibilité entre le fait d’être actionnaire de cette entreprise et le mandat électoral ». Puis, en tant que ministre, ce dernier explique qu’il a eu des « échanges avec la HATVP sur cette question [qui] ont conduit d’une part à la prise d’un décret de déport et d’autre part à un mandat de gestion sans droit de regard confié à un tiers », comme le demande la Haute Autorité dans ce genre de cas.

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