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Gabriel Attal à Matignon : au RN, la crainte d’un premier ministre jugé « malin et qui vient sur nos terres »

Gabriel Attal, félicité par ses proches, après la passation des pouvoirs à Matignon, à Paris, le 9 janvier 2023.

« C’est un jeune brillant… Il répond à tout, on sent l’homme politique qui vient faire son job et se bat pied à pied. » Cette description de Gabriel Attal n’est pas soufflée par un zélé macroniste mais par la députée et porte-parole du Rassemblement national (RN) Alexandra Masson, il y a un an, lorsque le trentenaire occupait encore le poste de ministre du budget.

Nombreux sont ceux qui, à l’extrême droite, estiment le nouveau premier ministre, décrit comme l’antithèse de sa prédécesseure Elisabeth Borne. A l’inverse de l’ancienne locataire de Matignon, ils ne le trouvent ni antipathique, ni sectaire, ni même arrogant. Ils l’ont même pris en pitié lorsque, avant les vacances de fin d’année, le trentenaire montrait des signes de fatigue sur les bancs de l’Assemblée : « Miskine [le pauvre, en argot] Attal » était devenu son surnom sur les bancs lepénistes.

Au sein du parti, la trajectoire météorique de l’ancien socialiste est parfois comparée à celle du président du mouvement, Jordan Bardella, tout comme sa capacité à s’approprier les éléments de langage et à débiter des punchlines qui raviront les militants sur les réseaux sociaux. « Ce sont tous deux des jeunes travailleurs et de talent, très précautionneux, dit d’eux Sébastien Chenu, un proche de Marine Le Pen. Gabriel Attal a toutes les qualités pour faire plaisir à la Macronie, notamment parce qu’il n’a pas de convictions. » De son perchoir de vice-président de l’Assemblée, il rythme les séances les plus laborieuses d’échanges au ton grivois avec le ministre, dans la confidentialité de petits mots transmis par les huissiers. Jean-Philippe Tanguy, autre cadre du groupe parlementaire lepéniste, n’est pas en reste dans ces échanges fort peu politiques.

Plus redoutable que Darmanin

Responsable des sujets économiques au sein du groupe, le député de la Somme a vu Gabriel Attal faire de la politique depuis le cinquième étage de la « forteresse » de Bercy : depuis, il souffle à qui veut l’entendre à l’extrême droite que l’ancien ministre du budget est redoutable, davantage que Gérald Darmanin ou Edouard Philippe. « Il est très malin. Il reste toujours calme, garde le sourire, parle comme nous sans jamais nous insulter et vient sur nos terres de manière beaucoup plus subtile que d’autres, ce qui rend le combat plus compliqué. » A Bercy, Gabriel Attal promet « un plan Marshall pour les classes moyennes » – depuis victime de la lutte contre le déficit – qui est aussi un plan anti-RN, sur cet électorat très convoité.

A l’éducation nationale, il manque de faire s’étrangler le député RN Roger Chudeau, qui crie au plagiat en énumérant les annonces du jeune ministre : interdiction du port de l’abaya, expérimentation du port de l’uniforme, retour du redoublement, réforme du brevet, fin du collège unique, retour à la transmission des fondamentaux…

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