Close

« Avec Gabriel Attal à Matignon, Emmanuel Macron concède qu’il a besoin de sa popularité pour redonner souffle et vie à son mandat »

Une petite « révolution », comme le titre du livre qu’il a publié en 2016 (XO éditions) avant de se lancer dans la conquête du pouvoir. En nommant à Matignon Gabriel Attal, qui devient le plus jeune premier ministre de l’histoire de la Ve République à 34 ans, Emmanuel Macron a créé la surprise. Alors que ses derniers remaniements avaient été quasi unanimement jugés comme des pétards mouillés, aux effets techniques et politiques limités, l’amorce de celui-ci est déjà une rupture, qui dit beaucoup de son initiateur.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Gabriel Attal à Matignon : les coulisses d’une nomination disputée

Pour la première fois peut-être, depuis 2017, ce président de la République qui a tant voulu montrer qu’il se suffisait à lui-même laisse entendre qu’il a besoin d’être secondé, oserait-on dire… aidé. Bref, qu’il a besoin de quelqu’un à ses côtés, doté de talents particuliers (énergie, ambition, sens politique), fût-il un cadet dévoué aux marges de manœuvre limitées, pour relancer un quinquennat enlisé.

Jusqu’à présent, Macron avait toujours envoyé le même profil rue de Varenne : des hauts fonctionnaires, fins connaisseurs de l’Etat, mais totalement inconnus des Français et sans le moindre poids politique. De simples collaborateurs, certes armés techniquement mais sans existence propre et donc sans véritable intérêt, d’où le temps infini qu’il prenait à les nommer, voire l’ennui qui semblait alors l’animer. Et quand Edouard Philippe, à la faveur de la crise sanitaire, avait gagné en popularité, il s’en était aussitôt séparé, ne supportant pas que cet « obligé » puisse commencer à lui faire de l’ombre. Crime de lèse-majesté !

Jupiter un genou à terre

Rien de tel cette fois-ci. Avec Gabriel Attal, le chef de l’Etat choisit de promouvoir un profil très politique, doublé d’un redoutable communicant, parfaitement identifié des Français, au point d’être leur ministre préféré. En promouvant le seul visage – parmi les macronistes historiques – à avoir véritablement émergé politiquement depuis six ans, Macron concède implicitement qu’il a besoin de cette épaisseur (certes, relative), de cette jeunesse et de cette popularité, pour redonner souffle et vie à son mandat, qui en manquait cruellement.

Certains y verront un aveu de faiblesse. Celui d’un président de la République cerné par les extrêmes, contesté dans son camp (qui s’est divisé sur la loi « immigration »), et empêtré dans sa majorité relative. Celui d’un phénix usé, vieilli, fatigué, qui acte le fait qu’il ne peut plus faire seul. Jupiter un genou à terre, alors que se profilent des élections européennes périlleuses pour le pouvoir, distancé dans les sondages par le Rassemblement national. Et que l’après-Macron, qui verra s’embraser la guerre des héritiers, au lendemain des Jeux olympiques, risque de démonétiser le locataire de l’Elysée. « Ça fait longtemps que le président sait que janvier est un moment crucial et qu’il ne faut pas se louper », admet un conseiller. Son quinquennat, empêtré, se trouvait à un tournant.

Il vous reste 45% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top