Close

La droite salue le « courage » d’Elisabeth Borne, la gauche attend un « autre avatar du macronisme »

Elisabeth Borne, à Paris, le 11 novembre 2023.

Avant même le départ de la première ministre, Elisabeth Borne, ce lundi en fin d’après-midi, les discours des oppositions étaient déjà bien rodés. Le président de la République, Emmanuel Macron, peut changer l’hôte de Matignon, entretenir le suspense, rien ne change dans le fond. Le chef de l’Etat a accéléré « la présidentialisation de la Ve République », dénonce ainsi Bruno Retailleau. A en croire le patron des sénateurs Les Républicains (LR), peu importe le casting, « le premier ministre s’appelle Emmanuel Macron » coupable d’avoir « aboli la fonction de premier ministre ».

Entre la réforme des retraites et la loi sur l’immigration, les chefs de la droite avaient appris à discuter et à travailler avec Elisabeth Borne malgré les difficultés. « Je ne comprends pas l’urgence pour M. Macron à changer de premier ministre, avance le chef des députés LR, Olivier Marleix. Personne dans le pays ne le lui demandait. Mme Borne avait, je pense, trop de personnalité pour le président. C’est la première fois qu’il avait un premier ministre qui avait finalement des convictions. »

Malgré leur différend, le député LR d’Eure-et-Loir regrettera l’ancienne préfète passée par les cabinets socialistes. Bruno Retailleau aussi, sans présager de sa relation à venir avec son successeur potentiel, l’actuel ministre de l’éducation, Gabriel Attal. « Même si nous ne venions pas de la même boutique, ma relation de travail avec elle était plus que correcte », explique le sénateur de Vendée. « Dans bien des circonstances, elle a eu le courage que d’autres n’ont pas eu. Elle fut pour moi une interlocutrice de qualité », salue, de son côté, le président de LR, Eric Ciotti, sur le réseau social X.

« De l’hésitation et du sadisme »

Au Rassemblement national (RN), le ton était plus glacial. L’extrême droite s’est empressée de moquer la première ministre sortante, qualifiée de « Mme 49.3 ». Le RN ne goûtait guère les méthodes de l’ancienne préfète, peu encline à inclure le parti de Jordan Bardella et de Marine Le Pen au sein de « l’arc républicain ». Si elle réservait à la seconde les mêmes égards officiels qu’aux autres chefs de groupe, elle n’éprouvait pas de gêne à ramener le parti d’extrême droite à son histoire – le qualifiant « d’héritier de Pétain » en mai 2023 – et revendiquait de « ne pas croire à sa normalisation ».

Les dirigeants lepénistes ne cachaient pas leur mépris pour la résidente de Matignon, qu’ils jugeaient dépourvue de sens politique malgré sa carrière dans la haute administration, puis les ministères. Comme pour marquer leur indifférence, Mme Le Pen et M. Bardella se sont abstenus de toute réaction à son départ. Président délégué du groupe RN à l’Assemblée nationale, Jean-Philippe Tanguy a, de son côté, raillé crûment sur X « une bureaucrate exécutant aveuglement les ordres d’Emmanuel Macron », dont « le seul legs aura été de vapoter dans l’Hémicycle ».

Il vous reste 55% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top