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A Lyon, les nouveaux élus écologistes expérimentent la rudesse du monde politique : « La conflictualité permanente, c’est parfois déstabilisant »

La députée (Europe Ecologie-Les Verts) du Rhône Marie-Charlotte Garin, lors d’une séance de questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale, le 7 novembre 2023.

« On pourrait faire mieux. » A peine arrivée à l’Assemblée nationale, la jeune députée (Europe Ecologie-Les Verts, EELV) du Rhône Marie-Charlotte Garin s’est étonnée de la place réduite des femmes dans les honneurs distribués par le prestigieux Prix du livre politique, organisé au Palais-Bourbon. « Nous ne sommes pas là pour changer les règles », lui a rétorqué une de ses collègues, installée à droite de l’Hémicycle depuis vingt ans.

« J’ai été soufflée. C’est d’une grande violence symbolique. J’ai décidé de ne plus participer au jury », confie Marie-Charlotte Garin. Elue députée à l’âge de 26 ans, elle mesure le choc des cultures, entre ses débuts dans l’humanitaire au sein de l’ONG Handicap International et l’intensité de la vie politique qu’elle découvre depuis un an. « J’ai connu mes limites physiques. Je ne m’attendais pas du tout à un tel rythme », confesse la jeune femme, sportive et adepte de karaté, qui a pourtant dû prendre une cure de repos à l’été 2023, à cause des horaires nocturnes, des navettes hebdomadaires entre Paris et sa circonscription, mais aussi des pressions psychologiques, comme celle provoquée par la diffusion de son adresse personnelle sur les réseaux sociaux.

Comme elle, une centaine d’élus de la région lyonnaise ont bouleversé leur vie après avoir décroché leur tout premier mandat électif, portés par la vague verte après les scrutins municipaux et législatifs, en 2020 et 2022. Certains militants associatifs avaient déjà eu des contacts avec les collectivités, d’autres découvrent une terre inconnue.

« Je n’ai jamais autant travaillé, avec une telle amplitude horaire et les réunions qui se prolongent le soir », confie Valentin Lungenstrass, 29 ans. Arrivé à Lyon en 2011 pour ses études d’ingénieur, le consultant en numérique a participé aux ateliers programmatiques du futur maire Grégory Doucet, « par simple conviction citoyenne ». En 2020, il se retrouve maire adjoint de Lyon, chargé des mobilités.

« Parler devant 300 personnes, jamais je n’aurais imaginé pouvoir le faire. Au lycée, j’étais stressé de parler devant la classe ! », s’amuse l’élu, pas découragé par les « contraintes [qu’il] n’imaginai[t] pas, sur les délais incompressibles, les réglementations, la complexité des chantiers, les mois d’études nécessaires ». « Agir et voir les résultats concrets, ça redonne une énergie incroyable », confie-t-il.

« Décalage complet entre la réalité et les polémiques »

« On se sent en responsabilité, c’est émotionnellement très intense », ajoute Gautier Chapuis, 35 ans, ancien militant de Greenpeace, nommé adjoint à la végétalisation et à la biodiversité après une première campagne victorieuse dans le 9e arrondissement de Lyon, le fief électoral de Gérard Collomb. « Nous subissons une campagne de dénigrement permanente. La politique agite les peurs, j’essaye de prendre le contrepied de cette violence. »

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