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Le régulateur américain ordonne l’inspection de Boeing 737 MAX 9, suspendus de vol après l’envol d’une porte

Un Boeing 737 MAX 9 d’Alaska Airlines, à l’aéroport international de Seattle-Tacoma (Etat de Washington), le 6 janvier 2024.

Nouveau coup dur pour le Boeing 737 MAX 9. L’Agence fédérale américaine de l’aviation civile (FAA) a ordonné, samedi 6 janvier, l’inspection immédiate de 171 appareils, suspendus de vol d’ici là, après un incident spectaculaire survenu vendredi lors d’un trajet aérien près de Portland (Oregon).

La directive de la FAA « impose aux opérateurs [compagnies aériennes] d’inspecter l’appareil avant un nouveau vol », a précisé l’agence dans un communiqué, estimant que cette opération nécessitait entre quatre et huit heures par avion. Selon des données communiquées par Boeing à l’Agence France-Presse, quelque 218 exemplaires du 737 MAX 9 ont été livrés à ce jour.

Avant l’annonce de la FAA, la compagnie aérienne américaine Alaska avait déjà neutralisé la totalité de ces modèles de sa flotte après l’envol spectaculaire d’une porte qui a provoqué, vendredi soir, l’atterrissage d’urgence de l’un de ses appareils, avec 177 personnes à bord, aux Etats-Unis.

« Après l’événement survenu ce soir sur le vol 1282, nous avons décidé par mesure de précaution de maintenir au sol temporairement notre flotte de soixante-cinq appareils Boeing 737-9 », a annoncé le directeur d’Alaska Airlines, Ben Minicucci, samedi, dans un communiqué. « Chaque appareil ne sera remis en service qu’après l’achèvement d’une maintenance et d’inspections de sécurité complètes », a-t-il ajouté, estimant que cela prendrait quelques jours.

« Problème de pressurisation »

La FAA a expliqué sur le réseau social X que le vol 1282 avait décollé de l’aéroport international de Portland, dans l’Oregon (Nord-Ouest), vendredi vers 17 heures, heure locale, (2 heures du matin à Paris, samedi), avant de revenir atterrir en toute sécurité après le signalement par l’équipage d’un « problème de pressurisation ». L’avion se dirigeait vers Ontario, en Californie.

Des images diffusées sur les réseaux sociaux ont montré la porte soufflée, avec des masques à oxygène pendant du plafond de l’appareil. Un passager du vol, Kyle Rinker, a expliqué à la chaîne américaine CNN que l’objet avait sauté juste après le décollage. « C’était vraiment brutal. A peine en altitude, la façade du hublot s’est juste détachée et je ne m’en suis aperçu que lorsque les masques à oxygène sont descendus », a-t-il raconté.

Une autre passagère, Vi Nguyen, a dit au quotidien The New York Times qu’elle avait été réveillée par un bruit fort durant le vol. « J’ai ouvert les yeux et la première chose que j’ai vue, c’était le masque à oxygène juste devant moi », a-t-elle expliqué, « et j’ai regardé sur la gauche et le panneau latéral était parti ».

L’appareil était à près de 5 000 mètres d’altitude au moment de l’incident, selon des données de vol du site FlightAware. Après avoir fait demi-tour, il est revenu se poser à son aéroport d’origine, l’incident n’occasionnant que quelques blessés légers.

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Selon le quotidien de Portland, The Oregonian, citant des passagers, personne ne se trouvait à la place immédiatement à côté de la cloison qui s’est envolée, mais l’adolescent qui était assis dans le siège du milieu a eu sa chemise arrachée par la décompression, occasionnant des blessures légères.

Cette photo fournie par une source anonyme montre la partie endommagée d’un Boeing 737 MAX 9 d’Alaska Airlines qui a été contraint de retourner à l’aéroport international de Portland, le 5 janvier 2024.

Selon plusieurs spécialistes, notamment le responsable du site spécialisé The Air Current, Jon Ostrower, il semble qu’il s’agisse d’une porte condamnée et masquée par une cloison qui ne laisse apparaître qu’un hublot. La directive de la FAA concerne d’ailleurs les modèles « avec la porte du milieu bouchée », selon le document publié sur son site.

Enquêtes en cours

Le Bureau national de la sécurité des transports, la FAA et Alaska Airlines ont chacun assuré qu’ils enquêtaient sur l’incident. « Même si ce type d’incident est rare, notre personnel de bord était entraîné et préparé à gérer en toute sécurité cette situation », a expliqué la compagnie aérienne dans un communiqué.

Samedi, Alaska Airlines a précisé, sur le réseau social X, que « plus du quart » de sa flotte de 737 MAX 9 avait été inspecté depuis l’incident et dit n’avoir pas trouvé, à ce stade, « d’élément préoccupant ». Le patron de la compagnie a précisé dans son communiqué qu’Alaska Airlines « travaille avec Boeing et les autorités de régulation pour comprendre ce qui s’était passé ».

L’appareil avait été certifié en octobre 2023, selon le registre de la FAA disponible en ligne. Le constructeur de l’appareil, l’avionneur américain Boeing, a dit rassembler davantage d’informations et tenir une équipe technique à la disposition des enquêteurs. « Nous sommes en accord avec la FAA et soutenons sa décision de réclamer une inspection immédiate des 737-9 de même configuration que l’appareil incriminé », a réagi Boeing dans une déclaration transmise à l’Agence France-Presse (AFP).

United, qui possède la flotte de 737-9 la plus importante au monde, a annoncé à l’AFP laisser au sol 46 appareils en attente d’inspection, 33 ayant déjà été examinés, une décision qui devait occasionner, selon la compagnie, l’annulation de soixante vols samedi. Son concurrent Aeromexico a, lui, décidé de clouer au sol tous ses 737 MAX 9 jusqu’à ce que les vérifications aient été effectuées. De son côté, le transporteur européen Icelandair a précisé qu’aucun de ses 737-9 ne correspondait à la configuration concernée par la directive de la FAA.

Accidents graves et difficultés techniques

Boeing a connu ces dernières années des accidents graves et des difficultés techniques avec son 737 MAX. En décembre 2023, le constructeur a informé les compagnies aériennes que les appareils MAX devaient être inspectés pour vérifier des pièces desserrées dans le système de contrôle du gouvernail, à la suite de la découverte par un opérateur international d’un boulon sans écrou lors d’une inspection de routine. L’avionneur a ensuite repéré sur un avion non encore livré un écrou « qui n’était pas correctement serré ».

Le 737 MAX a été cloué au sol pendant de longs mois dans le monde entier après deux catastrophes aériennes impliquant cet appareil en octobre 2018 et mars 2019, qui ont fait 346 morts. La FAA n’avait autorisé la remise en service qu’après des changements dans le système de contrôle en vol. Plus récemment, Boeing a dû ralentir ses livraisons à cause de problèmes sur le fuselage, en particulier sur la cloison étanche arrière de l’appareil.

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Le Monde avec AFP


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