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Hommage à Jacques Delors : la surprenante présence de Viktor Orban

Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, à l’Elysée, après la cérémonie d’hommage à Jacques Delors, le 5 janvier 2024.

Sa présence, parmi une douzaine de chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union, a surpris. Le premier ministre nationaliste hongrois, Viktor Orban, a participé à l’hommage national rendu vendredi 5 janvier à la mémoire de Jacques Delors, l’ancien président de la Commission européenne (1985-1995), mort le 27 décembre 2023. Invité comme l’ensemble de ses homologues à se joindre à la cérémonie organisée aux Invalides, à Paris, le dirigeant illibéral a délaissé pour l’occasion son rôle de trublion européen, en conflit ouvert avec la Commission pour violation de l’Etat de droit : il s’est incliné devant la dépouille du principal architecte d’un édifice communautaire dont il ne cesse d’entraver le bon fonctionnement au fil de ses chantages et de ses menaces de veto.

Tandis que les uns et les autres, Emmanuel Macron en tête, revendiquent une part de l’héritage de M. Delors, le dirigeant hongrois a justifié sa présence pour des raisons plus historiques, liées à la chute du rideau de fer. Il était alors jeune opposant au régime communiste et garde le souvenir de la visite dans son pays de feu le président de la Commission, fin 1989, « quand on préparait la transition », a-t-il expliqué. « Nous le remercions pour son implication en tant que leader européen, qui a lutté pour la liberté et la souveraineté des pays occupés par l’Union soviétique. »

Reçu pour déjeuner à l’Elysée

Sa présence à Paris, vendredi, rappelle la démarche qui fut la sienne à l’occasion de la mort de l’ancien chancelier allemand Helmut Kohl, en 2017. Il avait assisté à ses obsèques religieuses dans la cathédrale de Spire (Rhénanie-Palatinat). « Kohl a compris le lien essentiel qui existait entre la souveraineté hongroise et l’unité allemande, avait-il expliqué à propos de l’ancien dirigeant chrétien-démocrate. La Hongrie a fait tomber la première brique du mur de Berlin. »

Après l’hommage officiel, vendredi, Viktor Orban a été reçu pour déjeuner à l’Elysée en compagnie des dirigeants européens qui avaient fait le déplacement, et de l’ancien président de la République François Hollande. Emmanuel Macron l’a laissé exposer sa vision de la période de transition postcommuniste, espérant que cet échange aide à surmonter le refus du Hongrois, le seul parmi les Vingt-Sept à être encore en contact avec Vladimir Poutine, d’avaliser un plan d’aide budgétaire massif à l’Ukraine (50 milliards d’euros sur quatre ans). Un nouveau Conseil européen est prévu pour trancher la question, le 1er février. L’homme fort de Budapest conditionne son ralliement au déblocage des fonds de cohésion gelés par la Commission européenne pour atteinte à l’Etat de droit dans son pays.

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