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Ali Rabeh, maire de Trappes : « Je n’arrive pas assez à concilier ma vie d’élu et de père »

Ali Rabeh, maire de Trappes (Yvelines), lors du rassemblement en soutien au peuple palestinien, à Paris, le 4 novembre 2023.

Ali Rabeh, 39 ans, est maire (Génération.s) de Trappes, dans les Yvelines, depuis 2020. Franchement, lui qui ne s’était jamais intéressé aux bébés des autres, lui qui avait reçu une éducation « rugueuse » avec ses cinq frères, ne s’imaginait pas comme ça, papa gaga pouvant parler sans interruption de cette fille de 18 mois, qui, assure-t-il émerveillé, ne hurle pas, fait des nuits interminables et sait ranger ses chaussures. « Je l’emmène à la médiathèque. Mes parents n’allaient pas à la médiathèque, ne chantaient pas avec leurs enfants… » Sa vie de jeune père est aussi venue percuter sa vie de maire : « Je me suis rendu compte que notre politique d’accueil des jeunes parents n’était pas optimale, qu’on n’était pas assez réactifs. » Il se dit encore plus sensible à l’impact du bagage culturel sur le développement des enfants, considérant que la municipalité a un rôle de béquille à jouer. Et il s’arrête pour avouer l’essentiel : « Etre maire, c’est formidable, et être père, c’est encore mieux. »

La première fois que vous vous êtes senti père ?

La première fois que j’ai vu le bébé. Ma femme a accouché par césarienne. Après présentation de notre fille, je suis resté seul avec elle pour une séance de peau à peau, à 2 heures du matin. Au moment où vous vous retrouvez avec un petit bout de 3 kilos sur le torse, vous prenez parfaitement conscience que votre vie vient de changer.

Avez-vous déjà pleuré devant votre enfant ?

Justement, oui, à ce moment-là. Je l’avais contre moi dans la pénombre dans une salle près des sages-femmes, à me demander si ce que je vivais était réel. Ça m’a arraché quelques larmes. Tout comme cela m’est arrivé il y a quelques mois, alors que je dansais avec ma fille, en la voyant dans le miroir de la salle de bains. Un excès d’émotion… Pourtant, je n’étais vraiment pas un amoureux des bébés, j’étais même plutôt distant avec ceux des autres. J’ai sept neveux. Et jusque-là, je m’intéressais plutôt aux enfants à partir de 6 ou 7 ans, quand on peut plaisanter. J’avais peu porté de nourrissons car j’avais peur de casser, le sentiment d’être gauche… Pourtant, les gestes viennent instinctivement.

La pire chose que vous ayez dite à votre fille ?

Je me sens incapable de lui dire quelque chose de désagréable. Je suis papa poule gaga. L’autorité dont je fais preuve dans la vie professionnelle, là, je m’en sens complètement dépourvu.

La manie qui vous agaçait chez vos parents et que vous reproduisez quand même ?

Ce n’est pas tellement une manie de mes parents, mais de mes proches. Je passe mon temps à faire ce qui m’insupportait chez les autres parents : montrer des photos de son enfant. Et pourtant, dès que je reçois une photo, même en pleine réunion, je ne peux pas m’empêcher de la montrer à mes collaborateurs et de leur demander de s’extasier devant ce trésor.

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