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Automobile : une hiérarchie mondiale bousculée

En 2023, le groupe japonais Toyota a conservé la tête du classement mondial des constructeurs automobiles, avec près de dix millions de voitures vendues. L’information, qui autrefois aurait fait les gros titres de la presse économique, a été largement éclipsée par une autre compétition : celle pour devenir le premier fabricant de véhicules électriques. Pour la première fois, c’est une marque chinoise qui fait la course en tête. BYD a en effet ravi la première place à l’américain Tesla au cours du quatrième trimestre. La marque d’Elon Musk reste néanmoins la plus vendue sur l’ensemble de l’année.

Désormais, tous les regards sont donc tournés vers ce segment de marché, qui, après un siècle de règne incontesté du moteur thermique, est appelé à devenir le principal vecteur de croissance et de profits pour cette industrie.

Si la rivalité entre BYD et Tesla ne fait que commencer, elle est déjà riche d’enseignements. D’abord, la première place se joue entre deux entreprises qui se sont lancées très récemment dans la construction automobile, la même année, en 2003. Il n’y a donc pas eu de prime aux constructeurs historiques. En à peine deux décennies, Volkswagen, Ford, Toyota ou Stellantis se retrouvent déjà dans le rôle inconfortable de challengeurs et sont obligés de déployer des moyens colossaux pour rattraper leur retard dans le véhicule électrique. Il n’aura fallu que quelques années aux nouveaux entrants pour maîtriser la partie industrielle de l’assemblage. Dans le même temps, ils ont pris une avance considérable sur ce qui fait désormais la valeur ajoutée d’un véhicule : la batterie et les logiciels.

Gigantesque marché national

Le deuxième enseignement est qu’il n’existe pas de stratégie universelle pour dominer ce marché. La trajectoire de Tesla est très différente de celle de BYD. Le groupe américain est positionné sur des modèles haut de gamme à fortes marges, tandis que le constructeur chinois propose plutôt des petits modèles à faibles coûts. Même si la dynamique est favorable à BYD sur le plan des volumes de vente, Tesla garde de solides atouts en matière de rentabilité.

Ensuite, Tesla est d’ores et déjà un constructeur mondial, disposant d’usines sur les trois principaux marchés du monde : les Etats-Unis, la Chine et l’Europe. BYD, lui, a bâti son succès en grande partie grâce au dynamisme de son gigantesque marché national et à la politique de subventions du gouvernement visant à encourager cette industrie.

La course va désormais se jouer sur la capacité du groupe chinois à se développer à l’étranger au moment où les ventes en Chine commencent à ralentir du fait d’une conjoncture moins porteuse et d’une concurrence de plus en plus intense. Pour BYD, le défi n’a rien d’évident, au regard des barrières réglementaires et commerciales que les Etats-Unis et l’Europe sont en train d’ériger. En annonçant en décembre la construction d’une première usine en Hongrie, le groupe chinois entend bien déjouer ces mesures protectionnistes en devenant un constructeur européen.

L’ascension de Tesla et de BYD n’est pas irrésistible, mais les constructeurs historiques auront du mal à l’endiguer. Dès cette année, les deux groupes vendront chacun plus de deux millions de véhicules électriques. A ce stade, aucun autre constructeur n’est capable de rivaliser avec de telles économies d’échelle, critère déterminant dans cette industrie. Ensuite, ils disposent de davantage de marges de manœuvre que leurs concurrents pour jouer sur les prix et leur prendre des parts de marché. Une nouvelle hiérarchie mondiale est en train de s’installer, sans doute durablement.

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Le Monde

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