Close

« La France ne pourra jamais rivaliser avec les pays à bas salaires du Vieux Continent »

« Build your dreams » (« construisez vos rêves »), promet le constructeur chinois BYD. Ceux de la France, qui espérait voir BYD édifier sur son territoire sa première usine européenne de production de voitures électriques, se sont envolés le 22 décembre 2023 : c’est en Hongrie que BYD a annoncé implanter ladite usine. Comme l’Allemagne ou l’Espagne, la France n’avait pourtant pas ménagé ses efforts pour attirer le mastodonte chinois, qui dispute désormais à Tesla sa place de leader mondial dans ce secteur. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, s’était rendu en Chine durant l’été 2023 pour convaincre le patron de l’entreprise. Y parvenir aurait été un triomphe pour un gouvernement qui ambitionne de construire 2 millions de voitures électriques en 2030, et qui a fait de la réindustrialisation la boussole de sa politique économique.

L’épisode illustre toute la difficulté de l’exercice. Pour restaurer l’attractivité du pays, Emmanuel Macron a tout misé sur la politique de l’offre depuis 2017 : près de 30 milliards d’euros de baisses d’impôts pour les entreprises, allégements de charges et discours business friendly. Subventions et normes sont venues compléter la panoplie, depuis le Covid-19, pour affronter la Chine et les Etats-Unis, qui assument désormais une politique ouvertement protectionniste. L’enjeu n’est pas seulement économique, Emmanuel Macron et Bruno Le Maire le savent bien : la désindustrialisation fabrique du populisme à grande échelle.

Mais la politique de l’offre atteint ici ses limites. Les premiers rivaux de la France ne sont pas au bout du monde, mais au sein même de l’Union européenne (UE). Ce qui différencie vraiment la Hongrie, c’est son coût du travail. Le salaire minimum y est le plus faible de l’UE, après la Bulgarie. A 579 euros brut par mois, il est trois fois moins élevé qu’en France (1 709 euros) et deux fois moins qu’en Espagne (1 167 euros). Un avantage compétitif d’une ampleur telle que les pouvoirs publics français peuvent difficilement lutter à coups de crédits d’impôt et d’allégements de charges.

Options peu nombreuses

Malgré tous ses efforts pour alléger le coût du travail depuis dix ans, la France ne pourra jamais rivaliser avec les pays à bas salaires du Vieux Continent – hier le Portugal, la République tchèque ou la Slovaquie, aujourd’hui la Hongrie, demain peut-être la Serbie, l’Albanie, l’Ukraine… Certes, à grand renfort de subventions, elle a attiré quelques usines de batteries dans le nord du pays, mais celles-ci, très automatisées, emploient en réalité peu de main-d’œuvre.

Il vous reste 40% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top