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Dans la bande de Gaza, la guerre de la brigade israélienne Golani

« Dans dix ans, il y aura un autre commandant héroïque de la 13e, avec d’autres troupes héroïques. Certains d’entre vous seront des parents, d’autres… On ne sait pas (…). Et ils parleront de vous et verront les photos de nos morts. » Ces mots, prononcés devant ses hommes par le lieutenant-colonel Tomer Grinberg dans les jours qui ont suivi l’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023, avaient quelque chose de prémonitoire. L’officier du 13e bataillon de la brigade Golani a été tué, avec huit autres hommes, le 2 décembre 2023, lors d’une embuscade tendue par le Hamas, dans le quartier de Chadjaya, à Gaza. Un secteur touché la semaine précédente par l’un des pires bombardements de l’armée israélienne depuis le début du conflit.

Photos ou images des soldats du 13ᵉ bataillon de la brigade Golani morts à Gaza, sur la base militaire d’Urim (Israël), le 31 decembre 2023.

« C’était un leader authentique – l’opposé d’un supérieur. Il faisait ce qu’il disait de faire aux soldats. Lorsqu’il nous demandait de courir quatre fois par semaine, il courait avec nous », raconte un ancien militaire israélien sous le couvert de l’anonymat, qui a servi sous le commandement de Tomer Grinberg pendant son service. Le lieutenant-colonel était originaire de la colonie d’Almog, situé en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, selon le droit international. Il laisse une femme et une fille de 4 ans.

La guerre de Suez et des Six-Jours

Le discours de l’officier est emblématique de la brigade Golani. Il y a de la fierté, de la dureté et la présence de la mort. « Perdre ses soldats n’affaiblit pas cette unité ni ne la pousse à baisser les armes. Au contraire. Cela renforce leur esprit de corps, l’idée qu’ils se font d’eux-mêmes, d’être en première ligne pour défendre Israël, analyse Yagil Levy, sociologue spécialiste des questions militaires à l’Open University d’Israël. Leur ethos est d’être des outsiders, originaires des minorités marginalisées comme les Séfarades, les Russes, les Druzes… qui doivent se frayer un chemin par le haut, avec cette idée que la citoyenneté se gagne par le sang versé. » C’est aussi une histoire de famille : on est souvent golanchik de père en fils, d’oncle en neveu.

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L’histoire de l’unité se confond avec celle d’Israël, pour le meilleur et pour le pire. Toute première brigade créée quelques mois avant l’établissement de l’Etat, en 1948, elle s’est emparée de villes comme Nazareth, a combattu dans le Nord et l’armée égyptienne à Gaza. Elle a aussi opéré des raids sur des villages palestiniens quand la guerre d’indépendance israélienne s’accompagnait de la Nakba (« catastrophe » en arabe), l’exode forcé de 700 000 Palestiniens.

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