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Au Canada, la taxe sur le carbone menacée de toutes parts

Exploitations pétrolières près d’Estevan, dans la province de la Saskatchewan, au Canada, le 21 novembre 2018.

Au Canada, l’année s’est ouverte sur un nouvel acte de rébellion contre la taxe carbone, cet outil de tarification de la pollution mis en place par le premier ministre libéral Justin Trudeau en 2018 : le gouvernement conservateur de la Saskatchewan, une province située au cœur de l’immense territoire canadien, a annoncé le 1er janvier  que les consommateurs de gaz naturel et d’électricité étaient désormais exemptés du paiement de la redevance fédérale sur le carbone. Le ministre responsable des services publics de l’énergie de la province, Dustin Duncan, a affirmé que cette décision entraînerait des économies pour « 98 % des familles qui utilisent le gaz naturel pour chauffer leur maison, à hauteur d’environ 400 dollars [274 euros] chacune, en 2024 ».

Ce coup de force d’une province contre la législation fédérale, qui devrait être contesté juridiquement par Ottawa, intervient après que le premier ministre canadien a lui-même ouvert une brèche dans son propre système de taxation de la pollution.

Refus de l’impôt

Le 26 octobre 2023, Justin Trudeau annonçait en effet la suspension pour trois années de la taxe carbone sur le mazout. La mesure était présentée comme un moyen d’alléger la facture énergétique des Canadiens, alourdie par l’inflation ; en réalité, elle était surtout destinée à calmer la grogne des consommateurs des provinces maritimes de l’est du pays, encore largement dépendants à l’onéreuse huile de chauffage.

Il n’en a pas fallu davantage pour que tous les opposants à cette fiscalité écologique donnent de la voix : les gouvernements des provinces gazières et pétrolifères de l’Alberta et de la Saskatchewan ainsi que celui de la puissante Ontario, opposants de toujours à la taxe carbone, ont dénoncé la « partialité territoriale » de la mesure. Ils ont réclamé que cette exclusion du prix du carbone soit étendue au gaz naturel, moins polluant que le mazout et source de chauffage pour 44 % des Canadiens. C’est le « non » catégorique d’Ottawa qui a conduit la Saskatchewan à refuser de collecter l’impôt.

Le premier opposant à Justin Trudeau, le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, qui mène campagne pour l’abolition pure et simple de cette taxe carbone sous le slogan « Axe the tax » (« hachez la taxe »), a multiplié de son côté les coups de boutoir à la Chambre des communes pour tenter de dépecer, pan par pan, la législation fédérale : une proposition de loi visant à exonérer de cette taxe les agriculteurs utilisant le gaz naturel ou le propane pour leurs séchoirs à céréales pourrait être prochainement approuvée par le Parlement canadien et venir miner un peu plus la cohérence et l’efficacité du dispositif.

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