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Dans l’industrie, la très lente décarbonation du ciment

Une cimenterie du groupe Vicat, à Montalieu-Vercier (Isère), en septembre 2017.

Le temps de lire cet article – soit environ quatre minutes – quelque 45 600 mètres cubes de béton auront été coulés dans le monde. Selon un décompte de la Fédération française du bâtiment, près de 190 mètres cubes de béton sont en effet utilisés chaque seconde sur la planète, soit près de 6 milliards de mètres cubes par an. Ce qui en fait le matériau manufacturé le plus manipulé sur la Terre et la deuxième substance la plus consommée, derrière l’eau mais devant le pétrole.

Ces chiffres vertigineux illustrent l’importance cruciale de la décarbonation de la filière industrielle du ciment-béton pour envisager une baisse réelle des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle internationale. A elle seule, elle représente de 7 % à 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Et la production ne cesse d’augmenter, notamment à cause des demandes chinoise et indienne : les émissions mondiales provoquées par le ciment ont doublé au cours des vingt dernières années, et l’Agence internationale de l’énergie anticipe leur hausse possible de 12 % à 23 % d’ici à 2050.

Au début du mois de décembre 2023, plusieurs cimenteries installées en région parisienne, dans le Maine-et-Loire ou dans l’Eure, ont été de nouveau la cible de manifestations d’organisations écologistes qui dénoncent leur impact climatique.

Dans le langage courant, ciment et béton sont souvent synonymes : le ciment est un des constituants du béton, obtenu à partir d’un mélange de calcaire et d’argile ; le béton est le matériau de construction conçu à partir d’eau, de sable, de gravier, et donc de ciment, qui fait office de colle dans la composition.

Fabriquer du ciment dégage beaucoup de gaz à effet de serre : d’abord parce que la cuisson du calcaire et de l’argile s’effectue dans des fours à 1 400 °C alimentés par des combustibles ; ensuite parce que cette cuisson provoque une réaction chimique fortement émettrice de CO2 et qui permet la formation du clinker, le composant-clé du ciment traditionnel.

En France, la production de ciment représente à elle seule 12,5 % des émissions de gaz à effet de serre de l’ensemble des secteurs industriels, rappelle l’ONG Réseau Action Climat. Cinq entreprises seulement se partagent 95 % du marché : LafargeHolcim, Calcia (groupe Heidelberg), Eqiom, Vicat et Imerys. Parmi la liste des cinquante sites industriels les plus émetteurs de CO2 établie par les pouvoirs publics, 21 sont des cimenteries. La décarbonation de l’industrie française ne s’opérera donc pas sans celle du ciment et du béton.

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