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Réchauffement climatique : dans les stations, après le ski, la difficile reconversion

Ici, la vue est à 360° sur la chaîne du Vercors, le mont Tabor, le massif du Dévoluy et les lacs de Laffrey. A Saint-Honoré (Isère), le hameau de la Chaud domine aussi, à 1 500 mètres d’altitude, le calme plateau matheysin, connu pour ses mines d’anthracite fermées en 1997. Mais au milieu de cette beauté, loin de l’agitation du monde, se dresse « une tache », décrit le street-artiste isérois Julien Peruffo, dit Diseck. Des traces d’un autre passé, les prémices d’une station de ski souhaitée, dès le début des années 1970, par un maire soucieux de pallier la fermeture de ces mines. Une route avait alors été tracée vers « Saint-Honoré 1 500 », trois remontées mécaniques construites, un promoteur choisi pour l’aménagement des lieux de vie. En vue, 1 400 lits touristiques.

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Mais l’épopée vers l’or blanc a fait long feu. L’ensemble immobilier ne sera jamais terminé, le promoteur ayant été condamné pour des malversations. Seuls deux bâtiments sont aujourd’hui occupés, un autre a son intérieur inachevé. Le reste est depuis le début à l’abandon, soumis aux aléas climatiques : les murs tiennent bon mais le toit s’effondre morceau par morceau, la pluie s’écoule partout, un arbre a même pris racine dans un coin. Alors des graffeurs ont investi l’endroit. « Ce lieu est un déchet, mais on lui redonne des couleurs, une culture », raconte Diseck. De Grenoble, à une heure de route, il grimpe souvent jusqu’ici. Il emporte son sac de couchage, sa grille de barbecue, sa peinture, et il graffe, avec l’accord du nouveau propriétaire.

Paysage aux environs du village de Granier, en Savoie, le 6 décembre 2023.

Les remontées mécaniques ont été arrêtées en 2005, parce que financièrement ce n’était plus possible pour la commune. Le temps a fait que l’existence d’une station de ski n’est aujourd’hui « plus un débat », admet l’adjoint au maire Ado Baldasso, même si, à l’époque, il en avait été « malade » de tristesse. « Mais là, on tourne en rond », regrette Dominique Guillot, maire de 1995 à 2007. « Ça coûterait plus cher, au propriétaire des murs, de réhabiliter ou de démolir que de laisser l’ensemble comme ça », confirme Christophe Stagnetto, chargé de l’entretien des immeubles, occupés à l’année pour une soixantaine d’habitants ou occasionnellement avec de nombreux logements Airbnb. En plus des graffeurs, des troupes de danse ont ainsi envahi l’endroit, un trail l’a traversé, des écoles d’architecture y ont fait leur séminaire estival et des tournages ont lieu de temps en temps. Une série Netflix avec Kad Merad, Anthracite (sortie 2024), y a aussi été tournée en partie.

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