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Au Liban, les hôpitaux sur le qui-vive face au risque de guerre

Des infirmiers transportent un journaliste blessé par des tirs israéliens dans le village frontalier d’Alma El-Chaab, à l’hôpital de la ville portuaire de Tyr, dans le sud du Liban, le vendredi 13 octobre 2023.

Directeur de l’hôpital public de Marjeyoun, situé dans le sud-est du Liban, le docteur Mounès Kalakech vit dans une ambiance de guerre depuis le début des affrontements frontaliers entre le Hezbollah et l’armée israélienne, le 8 octobre. Plus de soixante-dix personnes ont été conduites dans son établissement, qui dessert aussi les environs. Pour les employés résidant en dehors de Marjeyoun, « la route à faire pour rejoindre l’hôpital est dangereuse, en raison des bombardements israéliens », explique le médecin, joint par téléphone. La grosse bourgade n’est pas vide, mais « plus de 60 % des habitants l’ont quittée pour se réfugier dans des régions sûres ».

Les violentes attaques de part et d’autre de la ligne de démarcation sont quotidiennes. Selon les déclarations de son porte-parole, le 29 décembre 2023, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’inquiète que ces « échanges de tirs (…) risquent de déclencher une escalade plus large entre Israël et le Liban ». Les dirigeants de l’Etat hébreu multiplient les menaces d’une expansion des combats, affirmant que leur armée est prête.

Si une guerre totale devait éclater, l’hôpital de Marjeyoun, tout proche de la frontière, pourrait tenir « un mois en autonomie », évalue le docteur Kalakech. Des médicaments et du mazout pour alimenter les générateurs électriques lui ont été distribués, notamment par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Un minimum d’autosuffisance

Garantir un minimum d’autosuffisance est une priorité de la cellule d’urgence activée dès le début des hostilités par Firas Abiad, ministre de la santé au sein du gouvernement démissionnaire de Najib Mikati. « Lors de la guerre de 2006, Israël a bombardé dès les premiers jours les ponts et les routes ; les régions libanaises se sont retrouvées isolées. On a peur que ce scénario se répète en cas d’escalade », précise Wahida Ghalayini, cheffe des soins infirmiers à l’hôpital public de Beyrouth et coordinatrice de la cellule d’urgence, située dans les locaux du ministère, en banlieue de la capitale. Dans la salle d’opération, des télévisions sont allumées en continu, diffusant des images du sud du Liban et de Gaza.

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La « guerre de juillet », il y a dix-sept ans, avait pris de court le Liban. Israël avait lancé des frappes, après l’enlèvement de deux soldats par le Hezbollah dans une embuscade meurtrière. Mais, à cette époque, les hôpitaux jouissaient de plus de ressources, humaines ou matérielles. La grave crise financière libanaise, depuis 2019, a fragilisé le secteur : des médecins et infirmiers ont émigré ; les moyens du secteur public se sont effondrés.

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