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« La Fièvre », nouvelle série de l’auteur de « Baron noir » prévue en 2024 : « Entre la fiction et la politique, un troublant jeu de miroirs »

Un discret défilé. Plusieurs proches d’Emmanuel Macron, dont son influent conseiller mémoire, Bruno Roger-Petit, et son ancienne plume, Jonathan Guémas, se sont récemment succédé chez le scénariste Eric Benzekri pour visionner le premier épisode de La Fièvre, la nouvelle série de l’auteur de Baron noir, attendue sur Canal+. Après trois saisons très politiques autour du Parti socialiste (PS), l’ex-collaborateur de Jean-Luc Mélenchon et Julien Dray explore cette fois les fractures identitaires qui traversent la France.

La série s’inscrit dans le milieu du football français, plongé dans une tempête médiatique. Lors d’une remise de prix, un joueur à la peau noire assène un coup de tête à son entraîneur en le traitant de « sale toubab » (« sale Blanc »). S’ensuit une guerre d’influence entre la communicante du club et une spin doctor qui « instrumentalise l’événement en attisant les déchirures identitaires et sociales qui lézardent le pays », selon un communiqué de la chaîne.

Encore une fois, celui qui, dans Baron noir, avait écrit l’ascension d’une candidate centriste jusqu’à l’Elysée, bien avant l’élection d’Emmanuel Macron, vise juste, la fiction, écrite il y a trois ans, devançant le réel. Le scénario de La Fièvre fait en effet singulièrement écho au drame du bal de Crépol (Drôme), au cours duquel un adolescent a été tué, fin novembre 2023, lors d’affrontements entre des rugbymen du village et des jeunes d’un quartier sensible de Romans-sur-Isère.

« Spectacularisation de la politique »

L’événement a aussitôt fait l’objet de lectures divergentes, la droite et l’extrême droite, notamment par le biais de CNews, promouvant la thèse d’une « guerre civile » et raciale, au risque d’alimenter les tensions identitaires, tandis que d’autres, à gauche, plaidaient pour une tragique mais banale bagarre ayant mal tourné.

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Quand Eric Benzekri − il aime citer Guy Debord : « Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux » − a commencé à écrire La Fièvre, personne ne comprenait où il allait. Trois ans plus tard, on y est. « Il y a des guerres culturelles quand il n’y a plus de politique », note le scénariste.

Autour de Baron noir, fiction et réalité s’entremêlaient déjà de manière troublante. La gifle reçue par Emmanuel Macron en 2021 lors d’un bain de foule faisait écho à celle reçue, un an plus tôt, par la présidente (fictive), Amélie Dorendeu, dans la saison 3. En 2020, la série avait campé un blogueur antisystème, qui avait donné des sueurs froides à l’Elysée, où l’on avait redouté l’émergence d’une figure populiste perturbant le jeu de 2022. Ce fut Eric Zemmour… « En politique, le réel crée la fiction, et la fiction crée le réel », répète l’ancien conseiller élyséen Gaspard Gantzer.

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