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Avion immobilisé dans la Marne : les autorités préparent "un réacheminement" des passagers indiens

La justice a autorisé, dimanche, l’avion immobilisé dans la Marne à repartir. Les autorités françaises espèrent obtenir « lundi matin au plus tard » les autorisations pour réacheminer les passagers indiens confinés depuis trois jours dans un aéroport de la Marne, suite à des soupçons de traite d’êtres humains.

Il s’agit d’un marathon judiciaire inédit. Les autorités françaises espèrent obtenir « lundi matin au plus tard » les autorisations pour réacheminer en avion les passagers indiens confinés depuis jeudi soir dans un aéroport de la Marne après l’immobilisation de leur appareil, sur fond de soupçons de traite d’êtres humains.

Le parquet de Paris a indiqué à l’AFP, dimanche 24 décembre, que la justice avait autorisé l’avion en question à repartir de la Marne, une décision qui « permet d’envisager le réacheminement des passagers placés en zone d’attente » dans l’aéroport, a ensuite annoncé la préfecture dans un communiqué, sans précision sur une quelconque destination.

« Par conséquent, les autorités compétentes de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) s’efforcent d’obtenir les autorisations nécessaires au redécollage de l’avion », arrivé en France avec 303 passagers, « ce qui devrait intervenir au plus tard lundi matin », a-t-elle ajouté.

Contactée par l’AFP, la préfecture n’a donné aucune précision sur la date de départ et la destination envisagée. L’appareil et ses passagers repartiraient « vers l’Inde », a déclaré de son côté le bâtonnier de Châlons-en-Champagne François Procureur lors d’un point presse, information qu’il dit tenir des avocats de l’État.

Deux gardes à vue débutées vendredi étaient toujours en cours dimanche, a indiqué le parquet de Paris à l’AFP. 

 Il apparaît notamment, selon une ordonnance d’une juge des libertés et de la détention (JLD) consultée par l’AFP, que les passagers ont été retenus plusieurs heures « sans en connaître les motifs » en début de procédure et sans être informés de leurs droits « dans un délai raisonnable », ce qui constitue « une atteinte disproportionnée aux droits de la personne

Des avocats, des greffiers et des traducteurs

Quatre juges des libertés et de la détention (JLD) s’étaient mobilisés pour l’occasion. Ils ne disposaient que de deux jours pour voir tous les passagers qui leur ont été présentés, parmi les 303 du vol, puis de 24 heures pour statuer sur leur sort.

« L’objectif, c’est de se mettre en capacité de voir tout le monde », avait expliqué à l’AFP Annick Browne, procureure de la République de Châlons-en-Champagne.

Cette organisation d’envergure à la veille de Noël, qui mobilise également des avocats, des greffiers et des traducteurs, est rendue indispensable par la loi : dans un cas comme celui-ci, le maintien maximal en zone d’attente par la police aux frontières est de quatre jours. Au-delà, il est nécessaire qu’un JLD prolonge ce délai, de huit jours maximum dans un premier temps puis, à titre exceptionnel, de huit jours supplémentaires.

Or, les derniers passagers à avoir été placés dans la zone d’attente pour étrangers, créée au sein du hall d’accueil de l’aéroport, l’ont été dans la nuit de jeudi à vendredi.              

Signalement anonyme

Ces audiences sont organisées dans un bâtiment voisin de ce hall, autour duquel ont été installées des bâches blanches pour éviter les regards indiscrets, a constaté une journaliste de l’AFP.

Les 303 passagers indiens du vol opéré par la compagnie roumaine Legend Airlines entre Dubaï (Émirats arabes unis) et Managua, capitale du Nicaragua, sont confinés depuis jeudi après-midi, après l’immobilisation de leur Airbus A340 venu à Vatry, à 150 km de Paris, pour faire le plein.

Mais ce qui ne devait être qu’une escale technique s’est transformé en longue immobilisation après un « signalement anonyme » selon lequel des passagers étaient « susceptibles d’être victimes de traite des êtres humains » en bande organisée, a indiqué le parquet de Paris à l’AFP vendredi.

 « On est dans une affaire qui peut être très grave mais à l’heure qu’il est on est encore un peu dans l’incertitude », a souligné sur BFM TV Patrick Baudouin, président de la LDH.

« Est-ce que c’est une erreur monumentale qui a été commise, une dénonciation qui finalement s’avérerait totalement inappropriée, ou est-ce que derrière tout cela il y a un vrai délit, un crime ? », s’est-il interrogé.

Selon une source proche du dossier, ces Indiens, probablement des travailleurs aux Émirats arabes unis, pourraient avoir planifié de se rendre en Amérique centrale afin de tenter ensuite d’entrer illégalement aux États-Unis ou au Canada.

Parmi eux figurent onze mineurs non accompagnés, selon le parquet de Paris.

L’enquête, menée par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), vise à « vérifier si des éléments viendraient corroborer » les soupçons de traite d’êtres humains, selon le parquet.

Dix demandes d’asile déposées

Dix demandes d’asile avaient par ailleurs été déposées samedi en fin d’après-midi, selon une source proche du dossier.

Après trois nuits sur place, « c’est sûr que c’est long » et « forcément frustrant », reconnaît Patrick Jaloux, président de la protection civile de la Marne.

Pour s’occuper, les passagers, dont certains s’expriment en hindi et d’autres en tamoul, « parlent beaucoup avec leurs familles au téléphone » et « jouent entre eux » dans les zones de jeu déployées par la protection civile, ajoute-t-il.

La préfecture de la Marne précise que des lits individuels, des toilettes et des douches ont été installés, ainsi qu’une « zone famille pour assurer l’intimité parent-enfant ».

Les trente membres d’équipage concernés soit par la liaison Dubaï-Vatry, soit par le trajet Vatry-Managua, ont été « autorisés à repartir librement », a assuré à l’AFP Liliana Bakayoko, qui se présente comme l’avocate de la compagnie aérienne.

D’après le site spécialisé Flightradar, Legend Airlines est une petite compagnie dont la flotte est composée de quatre avions.

Avec AFP

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