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Au Mexique, de nombreux migrants enlevés, détenus et rackettés sur la route des Etats-Unis

Des migrants vénézuéliens attendent un bus vers le nord, dans une gare routière de Mexico, le 13 octobre 2022.

Devant la gare routière du nord de Mexico, des groupes de migrants attendent le départ des bus qui rejoignent les villes mexicaines situées à la frontière avec les Etats-Unis. Ce 12 décembre, l’humeur est plutôt bonne et tout le monde se dit heureux de quitter au plus vite le Mexique après la traversée, en près de vingt-deux heures, du centre et du nord du pays. « Les billets nous coûtent cher bien sûr, mais, avec des enfants, on ne peut pas voyager sur le toit du train, c’est trop risqué », explique Mario Gomez, un Hondurien de 27 ans qui a voyagé jusqu’ici avec son épouse et ses deux enfants de 10 et 12 ans.

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Ce père de famille a dépensé 150 euros par adulte et 50 euros par enfant pour éviter la « Bestia », le train de marchandises qui traverse le Mexique et qui permet aux migrants les plus pauvres de rejoindre la frontière nord. Mario avait entendu parler des accidents arrivés à ceux qui s’endorment sur son toit, des heures d’attente en plein désert sans une goutte d’eau, mais aussi du racket auquel se livrerait la police mexicaine quand le train fait une pause dans les villes. Il a donc préféré travailler quelques semaines dans la ville de Mexico pour pouvoir offrir à sa famille un voyage en bus jusqu’à la frontière américaine, en sécurité. Du moins le croit-il. Car ce moyen de transport n’est pas non plus une garantie de tranquillité.

Ces derniers mois, des migrants ont raconté à des ONG et des journalistes avoir été victimes d’enlèvement et de racket alors qu’ils voyageaient dans ces autobus qui font la navette entre la ville de Mexico et la frontière américaine. Les lignes Chihuahuenses et Futura, appartenant au groupe de transport Estrella Blanca et ralliant la ville de Ciudad Juarez depuis Mexico, sont plus particulièrement citées par les migrants. Ni cette entreprise, ni l’Institut national de migration, ni le ministère des transports n’ont accepté de répondre aux questions du Monde.

Réseau criminel à grande échelle

En revanche, quatre familles aujourd’hui en sécurité aux Etats-Unis nous ont raconté leur calvaire après qu’elles furent montées dans un bus de ces lignes. La similitude de leurs témoignages, alors qu’elles ont voyagé à des dates différentes, montre qu’elles ont été très certainement victimes du même réseau criminel opérant à grande échelle et avec la complicité des chauffeurs.

Jovana (les prénoms des témoins ont été changés), une mère de famille vénézuélienne, voyageait en juillet avec ses quatre enfants et un ami dans un bus de l’entreprise Futura vers Ciudad Juarez. Elle allait rejoindre son mari installé aux Etats-Unis depuis deux ans. Après huit heures de route, le bus s’est arrêté et le chauffeur a laissé monter des hommes vêtus d’uniformes de la police pour vérifier les passeports des migrants. « Ils ne demandaient rien aux Mexicains et ils ont fait descendre du bus tous les étrangers en prétextant qu’ils devaient faire des vérifications, explique Jovana, jointe par téléphone au Texas. Je pensais que le bus allait attendre, mais non, le chauffeur a démarré dès qu’on était dehors. Mon ami a vu que ces supposés policiers payaient le conducteur. »

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