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Avion immobilisé dans la Marne : vers un maintien des passagers indiens dans l'aéroport

Un avion en provenance de Dubaï, et ayant fait une escale en France il y a deux jours, reste immobilisé samedi soir sur le tarmac du petit aéroport de Vatry, dans le département de la Marne, sur fond de soupçon de « traite d’êtres humains ». Des audiences devant un juge des libertés et de la détention débuteront dimanche pour maintenir « si nécessaire » dans la zone d’attente de l’aéroport les passagers indiens du vol. 

Un avion parti de Dubaï (aux Émirats arabes unis) et devant gagner le Nicaragua, avec à son bord plus de 300 Indiens, est immobilisé depuis jeudi 21 décembre par les autorités françaises sur le tarmac d’un petit aéroport de la Marne (dans la région Grand-Est), sur fond de soupçons « de traite d’êtres humains ». Deux passagers ont été placés en garde à vue. Des audiences devant un juge des libertés et de la détention (JLD) débuteront dimanche pour maintenir « si nécessaire » dans la zone d’attente de l’aéroport les passagers. 

Les 303 passagers, tous de nationalité indienne, demeurent depuis jeudi soir au sein du hall d’accueil de l’aéroport, transformé par arrêté préfectoral en zone d’attente pour étrangers. Leur maintien par la police aux frontières ne peut durer que quatre jours, mais un JLD peut prolonger la durée du placement de huit jours puis, à titre exceptionnel, de huit jours supplémentaires.

Les audiences devraient débuter à 9H00 et se poursuivre jusqu’à lundi, a affirmé à l’AFP le bâtonnier de Reims, Pascal Guillaume.

Les gardes à vue débutées vendredi ont par ailleurs « été prolongées samedi soir, pour une durée maximale de 48 heures », a indiqué le parquet de Paris à l’AFP, « afin de vérifier » si le rôle de ces deux personnes « a pu être différent de celui des autres dans ce transport, et dans quelles conditions et avec quel objectif ».

Voici ce que l’on sait sur cette affaire.

  • Avion immobilisé après une escale technique, intervention à bord de la brigade de gendarmerie des transports aériens

L’avion en question, un Airbus A340, avait atterri jeudi après-midi sur la piste du petit aéroport de Vatry (à 150 km à l’est de Paris) pour une escale technique. Il est immobilisé depuis, après un « signalement anonyme » selon lequel ses passagers indiens sont « susceptibles d’être victimes de traite des êtres humains » en bande organisée, a expliqué dans l’après-midi le parquet de Paris à l’AFP. 

Selon la préfecture de la Marne, cet avion de la compagnie roumaine Legend Airlines est immobilisé depuis « son atterrissage (jeudi) dans l’après-midi » et une intervention à bord de la brigade de gendarmerie des transports aériens. 

Notons que sur les photos publiées dans la presse française depuis vendredi, l’airbus ne porte pas le sigle de la compagnie.

  • Une enquête ouverte, l’aéroport confiné

L’enquête, menée par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), vise à « vérifier si des éléments viendraient corroborer » les soupçons de traite d’êtres humains, selon le parquet. « Des vérifications d’identité ont été effectuées sur les 303 passagers et sur les personnels navigants », ainsi que des « vérifications des conditions et objectifs de transport des passagers », a-t-il précisé.

Un dispositif de gendarmerie empêchait vendredi soir l’accès à l’aéroport, confiné, a constaté une journaliste de l’AFP. Devant l’aérogare, une rangée de bâches blanches cache la baie vitrée du hall d’arrivée.

  • Les passagers pris en charge

Le préfet de la Marne a étendu par arrêté la zone d’attente des étrangers au hall d’accueil de l’aéroport. Les passagers y disposent, selon la préfecture, de « lits individuels ».

La protection civile de la Marne a indiqué à l’AFP avoir déployé au sein de l’aéroport des lits et des douches, et avoir mobilisé depuis jeudi soir une dizaine de bénévoles, qui se succèdent pour accompagner les passagers.

  • Des mineurs parmi les passagers

Selon une source proche du dossier, ces passagers indiens, probablement des travailleurs aux Émirats arabes unis, pourraient avoir planifié de se rendre en Amérique centrale afin de tenter ensuite d’entrer illégalement aux États-Unis ou au Canada.

« L’ambassade a obtenu l’accès consulaire. Nous étudions la situation et veillons au bien-être des passagers », a indiqué vendredi l’ambassade d’Inde en France sur X (anciennement Twitter).


Des mineurs non accompagnés figurent parmi les 303 passagers indiens du vol, a assuré samedi à l’AFP la protection civile du département. « Il y a 13 mineurs non accompagnés, ainsi que des mineurs accompagnés », a indiqué la protection civile, précisant que l’âge de ces mineurs allait « d’un bébé de 21 mois à un adolescent de 17 ans ». Ce chiffre de 13 mineurs non accompagnés n’a pas été confirmé par les autorités.

  • La compagnie aérienne « n’a rien à se reprocher »

« La compagnie estime qu’elle n’a rien à se reprocher, n’a commis aucune infraction et se tient à disposition des autorités françaises », a assuré à l’AFP Liliana Bakayoko, qui se présente comme l’avocate de Legend Airlines. L’entreprise compte « se porter partie civile si des poursuites sont initiées par le ministère public, ou porter plainte » dans le cas contraire, a-t-elle ajouté.

« Tous les membres de l’équipage ont été auditionnés et autorisés à repartir librement, et à rentrer chez eux s’ils le souhaitent », a déclaré samedi à l’AFP Liliana Bakayoko. L’équipage était composé au total d’une trentaine de personnes : 15 pour la liaison Dubaï-Vatry et 14 ou 15 pour le trajet Vatry-Managua, a-t-elle ajouté.

Legend Airlines « n’a effectué que quelques vols sur ce trajet, toujours pour le même client » non européen, a insisté l’avocate.

D’après le site spécialisé Flightradar, Legend Airlines est une petite compagnie dont la flotte est composée de quatre avions, dont deux A340-313. Elle est enregistrée auprès de l’Union européenne, créée en 2020 et basée à Bucarest, en Roumanie.

La loi prévoit que s’il arrive en France par avion et que l’embarquement vers son pays de destination lui est refusé, un étranger peut être maintenu en zone d’attente pendant maximum quatre jours par la police aux frontières. Ce maintien peut ensuite être prolongé de huit jours par un juge des détentions et de la liberté (JLD), puis de huit jours supplémentaires à titre exceptionnel. Au maximum, en fonction des recours, le maintien en zone d’accueil peut atteindre 26 jours.

La Direction nationale de la police aux frontières (notamment l’Oltim, Office de lutte contre le trafic illicite de migrants), la gendarmerie des transports aériens et la brigade de recherche de Vitry-le-François ont été cosaisies, précise le parquet.

La traite des êtres humains est un « crime faisant encourir 20 ans de réclusion criminelle et trois millions d’euros d’amende », souligne-t-il.

Avec AFP


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