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Anvers se prépare à vivre sans les diamants russes

Un diamantaire observe un diamant brut à Anvers (Belgique), le 30 octobre 2023.

Les trois artères principales, proches de la gare centrale, qui le composent sont fermées à la circulation, pour des raisons de sécurité : dans ce quartier des diamantaires, à Anvers, en Belgique, les anciens n’ont pas oublié l’attentat de 1981, quand une voiture contenant 100 kg de pentrite explosa devant la synagogue de la rue Hovenier, faisant trois morts et des dizaines de blessés.

Aujourd’hui, tout est calme, et les vitrines étincellent. Quelques touristes déambulent, à la recherche, peut-être, de la bonne affaire. « Le portier de notre hôtel nous a mis en garde : il faut faire confiance seulement aux boutiques qui affichent le label Antwerp’s Most Brilliant », explique la Britannique Deborah Jones, un peu étonnée du côté très discret de certaines d’entre elles.

Dans ce « shtetl », le « dernier vrai quartier juif orthodoxe d’Europe », affirme un boulanger qui dit vendre la meilleure hallah (le pain traditionnel de shabbat) de la ville, il faut être soit connu, soit prudent, si l’on veut parler du diamant. Des quelque 350 ateliers de taille et d’affinement et des 1 500 sociétés qui, malgré la concurrence de Dubaï (Emirats arabes unis) et de Bombay (Inde), pratiquent le négoce du diamant brut et poli. Actuellement, plus de 80 % des diamants bruts du monde, 50 % des pierres polies et 40 % du diamant industriel passeraient encore par la ville belge.

« Pas de politique »

On choisit l’option « prudence » pour aborder deux sexagénaires, cheveux en papillotes, chapeau et long manteau noirs. Ils sont prêts à raconter une histoire vieille de huit cents ans, quand les premiers juifs se sont installés ici, mais quand on les interroge plus avant, les réponses sont laconiques.

Comment se porte le commerce ? « Comme ci, comme ça… » Et ces décisions de l’Union européenne (UE) et du G7, qui vont bannir le diamant (non industriel) extrait ou transformé en Russie : bonne ou mauvaise nouvelle, pour la place où, en 2022, 21 % du diamant provenait encore de Russie ? Les deux hommes se saluent et tournent les talons : « Désolés monsieur, nous ne parlons pas de politique… »

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Pour en savoir plus, inutile aussi de compter sur le Haut Conseil du diamant, le représentant officiel, créé, en 1973, à l’initiative de l’industrie et du gouvernement, ou sur l’Antwerp World Diamond Centre, une fondation privée qui défend les intérêts du secteur : sollicités par Le Monde, ils n’ont pas donné suite aux demandes d’information.

Ancien diamantaire et désormais consultant, David Horowitz est plus loquace. « Ce qui a été annoncé sera à peu près impossible à mettre en œuvre, juge-t-il. On n’a pas réussi à bannir le pétrole russe, pourquoi y parviendrait-on avec le diamant ? »

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