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Les drones, objets de convoitise de toutes les armées d’Afrique

Des policiers éthiopiens participent à un programme de formation au pilotage de drone organisé par le ministère chinois de la sécurité publique, dans une école d’aviation de Pékin, le 14 novembre 2018.

C’est la dernière bavure d’une longue série et l’une des plus meurtrières. Le 5 décembre, 85 personnes qui célébraient le Mawlid, commémorant la naissance du prophète Mahomet, ont été tuées par une frappe de drone dans un village de l’Etat de Kaduna, dans le nord du Nigeria. L’armée, qui pensait ce jour-là viser un groupe armé, a massivement recours à ces aéronefs sans pilote dans sa double guerre contre le terrorisme islamique et contre le banditisme. Au prix d’importants dégâts collatéraux. D’après l’organisation Human Rights Watch, plus de 300 Nigérians sont morts « par erreur », depuis 2017, dans des tirs de drones.

Longtemps réservés aux opérations antiterroristes menées par les militaires occidentaux, les avions sans pilote ou UAV (pour « Unmanned Aerial Vehicle », en anglais) sont en passe de devenir une pièce maîtresse des arsenaux du continent africain. Leur usage est encore limité en comparaison des théâtres de guerre en Ukraine ou au Moyen-Orient, mais il va croissant et bouleverse déjà la façon de mener la guerre.

Ces cinq dernières années, plus d’une vingtaine de pays africains s’en sont équipés, particulièrement en Afrique du Nord, et plus récemment au Sahel. L’Egypte dispose de 42 UAV armés, soit la plus grande flotte du continent, d’après les données de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm. Dernière à sauter le pas, la République démocratique du Congo a acquis, en mai, trois drones chinois de modèle CH-4 et une station au sol, pour lutter contre le groupe armé Mouvement du 23 mars, dans l’est du pays.

« Frappes signatures »

Pour des armées africaines en mal de financement, les UAV changent radicalement la donne : non seulement ils permettent de conserver une bonne maîtrise des airs, mais leur coût est environ vingt fois moindre que celui des avions de chasse. Les drones armés de classe III coûtent entre 2 et 20 millions d’euros, et les drones tactiques de classes I et II, moins endurants et principalement déployés pour des missions de surveillance, peuvent valoir moins d’un million d’euros. Ils procurent en outre la capacité unique de collecter du renseignement dans des territoires difficiles d’accès.

En Ethiopie, les drones ont ainsi joué un rôle déterminant dans la victoire de l’armée éthiopienne lors de la guerre du Tigré (2020-2022). A l’été 2021, alors que les rebelles du Front populaire de libération du Tigré (FPLT) s’approchaient dangereusement de la capitale, Addis-Abeba, le premier ministre, Abiy Ahmed, lui-même ancien colonel, avait acquis en quelques semaines des drones turcs, iraniens et chinois.

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