Close

L’accompagnement psychologique des sportifs, un « business » qui profite aux « margoulins »

Christine Arron lors de la demi-finale du 100 m aux Jeux Olympiques de 2004, à Athènes, le 21 août 2004.

Avec vingt ans de recul, Christine Arron en parle avec détachement, en assumant le constat, peu flatteur : s’être fait berner. Au printemps 2003, la sprinteuse, détentrice du record d’Europe du 100 mètres depuis 1998, s’en remet à une « psychothérapeute énergéticienne » pour retrouver les podiums, après des mois de vaches maigres. Mais quand la Française s’effondre – presque au sens propre – en demi-finale de la course reine aux Jeux olympiques d’Athènes, l’été suivant, les discours célébrant les « énergies » ou l’« amour comme force de guérison », soudain, n’impriment plus.

L’athlète cesse cette collaboration, vue d’un mauvais œil depuis le début par la Fédération française d’athlétisme (FFA). « Derrière les messages positifs, je me suis rendu compte qu’elle était négative et toxique pour moi. C’était une manipulatrice, quelque part, il y avait une forme d’emprise », raconte au Monde Christine Arron, déjà échaudée par une première expérience avec un préparateur mental de la FFA. On ne l’y reprendra plus. « J’étais tellement dégoûtée des expériences que j’avais eues que je n’ai pas voulu persister [dans la préparation mentale]. Il faut vraiment tomber sur les bonnes personnes… »

Son témoignage illustre le corollaire sans doute le plus dommageable de l’absence de réglementation en France autour de l’accompagnement psychologique. Le statut n’étant pas reconnu par l’Etat, n’importe qui peut s’autoproclamer préparateur mental sans le moindre diplôme ou bien après une formation superficielle, si ce n’est biaisée. Par ricochet, n’importe quel athlète ou fédération peut s’attacher les services de préparateurs aux méthodes contestées – voire de charlatans pour les moins scrupuleux d’entre eux.

Lire aussi le premier volet de notre série : Article réservé à nos abonnés En France, la préparation mentale des sportifs est devenue incontournable mais n’est toujours pas réglementée

« Si l’on n’est pas sensible à l’importance des sciences, on n’est généralement pas exigeant dans le recrutement, on voit parfois des profils très surprenants, même au plus haut niveau », constate Mickaël Campo, président de la Société française de psychologie du sport (SFPS) et préparateur mental du XV de France.

« Pseudo-scientifiques »

Sans jeter en pâture telle ou telle fédération, le spécialiste des sports collectifs a été témoin de l’avènement des « coachs d’entreprise » ou de ceux ayant des formations « pseudo-scientifiques, mélange de neurosciences, de sciences comportementales ». « Généralement, ça ne dure pas longtemps, mais cela nuit à la fédération [en question] et à la profession, car ça participe d’une confusion dans la perception de ce que peut être le métier », déplore-t-il.

Il vous reste 70% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top