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Comment Macron prépare son rendez-vous de la « dernière chance » avec la nation

Emmanuel Macron, sur la base aérienne Prince-Hassan, en Jordanie, le 22 décembre 2023.

De l’art de la scénarisation. Le 20 décembre, sur France 5, face au président de la République, Anne-Elisabeth Lemoine, animatrice de l’émission « C à vous », tente d’en savoir davantage sur le mystérieux « rendez-vous avec la nation » annoncé au Monde le 8 décembre, prévu pour début 2024. En vain. « Si je vous donne rendez-vous en janvier, je ne vais pas l’honorer en décembre ! », se récrie Emmanuel Macron, tout sourire, venu clore la crise ouverte dans son camp par le vote de la loi sur l’immigration. Il faudra attendre pour connaître son « nouveau cap ». « Un quinquennat doit être rythmé », professe un communicant de l’Elysée.

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Diminué depuis juin 2022 par une majorité relative, Emmanuel Macron a senti le vent du boulet à deux reprises en 2023 : sur la réforme des retraites, le gouvernement n’a échappé que de neuf voix à la censure par l’Assemblée nationale. Laquelle a, ensuite, rejeté le projet de loi « immigration » en première lecture. Le Sénat, dominé par la droite, aura joué un rôle décisif dans l’adoption de ces deux réformes phares.

Nul ne sait ce que le chef de l’Etat entend désormais faire de la suite de son mandat. Hormis l’inscription dans la Constitution de la liberté d’accès à l’interruption volontaire de grossesse, une mission sur la décentralisation confiée au député Renaissance de l’Oise Eric Woerth et un texte sur la fin de vie sans cesse reporté, aucun projet structurant n’est à l’ordre du jour pour l’année qui vient, alors que le pouvoir d’achat, le logement, la santé ou l’éducation dominent toujours les préoccupations des Français. « Macron gouverne au fil de l’eau », observe, fataliste, Jacques Attali, ancien conseiller de François Mitterrand.

« Pas d’attente fiévreuse »

Lorsque la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, l’interpelle à l’Elysée en novembre sur l’agenda parlementaire de 2024, Emmanuel Macron balaie d’un revers de main : « On verra après Noël ! » Dans les enquêtes d’opinion, deux nouveaux traits d’image caractérisent le chef de l’Etat depuis début décembre : l’inaction et l’absence de cap. « Faute d’avoir été clairs, nous naviguons selon les attentes de l’opinion. Parfois avec intelligence, mais sans perspective évidente », déplore le député MoDem des Hauts-de-Seine Jean-Louis Bourlanges, dans La Tribune Dimanche, le 24 décembre. « Pour la première fois, le mot “girouette” est apparu à son sujet », signale Frédéric Dabi, le directeur général de l’IFOP.

On ne compte plus les objets politiques de toute nature inventés par le locataire de l’Elysée depuis 2017 pour se relancer : itinérance mémorielle, grand débat, conventions citoyennes, Conseil national de la refondation, rencontres de Saint-Denis… « Pour l’instant, je ne sens pas une attente fiévreuse des Français pour le rendez-vous avec la nation », confie M. Dabi.

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