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La Banque africaine de développement retire ses employés d’Ethiopie après l’agression de deux de ses cadres

Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), à Kigali, le 18 décembre.

L’agression est suffisamment grave pour provoquer le départ de tous les employés expatriés de la Banque africaine de développement (BAD). Son président, Akinwumi Adesina, a, dans une note personnelle du 19 décembre rendue publique le lendemain, annoncé « retirer immédiatement tout son personnel international d’Ethiopie » à la suite de « la récente violation du protocole diplomatique et [de] l’attaque perpétrée par les forces de sécurité éthiopiennes contre deux membres du personnel international de la BAD ».

Ce départ, précipité et inédit, est embarrassant pour Addis-Abeba, par ailleurs siège de l’Union africaine. Le retrait des banquiers de la BAD intervient ainsi moins de deux mois après l’agression de son directeur dans le pays, Abdul Kamara, et de l’un de ses assistants, John Bosco Bukenya. L’affaire débute le 31 octobre lorsque Abdul Kamara se rend au ministère éthiopien des finances pour réclamer le paiement de la cotisation annuelle que le pays, comme tous les autres du continent, doit verser à l’institution financière. En jeu, environ 4,8 millions d’euros, mais les discussions, cordiales d’habitude, entre Abdul Kamara et le ministre, Ahmed Shide, sont alors houleuses.

Le même jour, peu de temps après la rencontre au ministère, Abdul Kamara et John Bosco Bukenya sont violemment agressés dans leur voiture de fonction respective, au moment de rentrer chez eux. Ils sont passés à tabac par des hommes en civil, embarqués dans des voitures sans plaque d’immatriculation et « détenus pendant des heures sans inculpation ni explication officielle » dans un lieu inconnu d’Addis-Abeba. Leur libération, le même jour, n’interviendra qu’après un appel d’Akinwumi Adesina au premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed.

Ce dernier se rendra en personne au domicile d’Abdul Kamara dans les jours qui suivent pour tenter d’éteindre l’incendie et l’inciter à rester en Ethiopie. Mais les deux employés de la BAD, le visage encore tuméfié, quittent le pays. Selon une source proche du gouvernement éthiopien, le directeur national de la BAD aurait reconnu ses agresseurs parmi les gardes du corps du ministre des finances.

Escroquerie

Excédée, l’institution intime aux autorités éthiopiennes de faire la lumière sur l’incident, dans une note verbale transmise le 6 novembre. Elle restera sans réponse. Akinwumi Adesina décide alors de se déplacer en personne à Addis-Abeba le 22 novembre pour enjoindre Abiy Ahmed de résoudre l’affaire avant qu’elle n’éclate au grand jour. « La BAD reste particulièrement préoccupée par le fait que le gouvernement éthiopien n’a, à ce jour, partagé avec la Banque aucun rapport ni aucun détail des enquêtes sur l’incident », fait-il savoir, près d’un mois plus tard, pour justifier le retrait de son personnel international.

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