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Alimentation : « Les acteurs de la distribution ont un rôle-clé à jouer dans la lutte contre le gaspillage »

En France, chaque famille s’apprête à gaspiller 3 kilos de nourriture à l’occasion des fêtes de fin d’année, selon l’Agence de la transition écologique (Ademe). Un gâchis qui contribuera à alimenter les 10 millions de tonnes de pertes et gaspillages alimentaires enregistrées chaque année en France. Ce désastre écologique est d’autant plus aberrant qu’il prend place dans un contexte économique fragilisé, où le pouvoir d’achat des consommateurs est au plus bas, et la crise du secteur agricole, au plus haut.

Les acteurs de la distribution, dont le sévère cahier des charges participe au phénomène, pourraient rééquilibrer la chaîne alimentaire, à condition de sortir de l’inertie. Ils ont un rôle-clé à jouer dans la lutte contre le gaspillage alimentaire en libérant les producteurs et les consommateurs des produits standardisés. Plus de la moitié des pertes totales sont générées en amont de la commercialisation des produits, c’est-à-dire durant les étapes de production (32 %) et de transformation (21 %). Un gaspillage à la source invisible pour les consommateurs, et pourtant bien réel.

Les distributeurs participent significativement à ce processus. Ils exigent des fabricants, par exemple, qu’ils fournissent des produits avec des dates limites de consommation (DLC) ou des dates de durabilité minimale (DDM) très poussées (jusqu’à plusieurs années parfois) pour pouvoir les vendre plus longtemps. La grande distribution impose aussi des normes esthétiques très strictes aux fournisseurs.

Sortir des standards de conformité actuels

Par exemple, seules les clémentines de Corse qui possèdent des feuilles et qui ont la coloration et le calibre attendus sont mises en rayon. Certains fruits et légumes ne sont donc même pas récoltés, car supposés invendables à cause de ces critères. Selon l’Ademe, les pertes et gaspillages liés aux problèmes de conformité des cahiers des charges ou d’écueils sur les étapes de récolte, de tri et de stockage représentent un manque à gagner de près de 20 % du chiffre d’affaires des exploitations et stations coopératives agricoles.

Un non-sens total au regard des difficultés financières rencontrées par de nombreux agriculteurs français. En effet, 20 % d’entre eux vivraient sous le seuil de pauvreté. Pour faire évoluer les pratiques de la chaîne alimentaire, le gouvernement s’est emparé du sujet dès 2013 et a renforcé l’arsenal législatif au fil des années – lois Garot (2016), Egalim (2018) et AGEC (2020) – avec l’objectif de réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici à 2025 par rapport à 2015.

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