La nouvelle était devenue un secret de Polichinelle dont il ne manquait plus que l’officialisation. Le milliardaire britannique Jim Ratcliffe, patron du groupe de chimie Ineos propriétaire de l’OGC Nice, a acquis 25 % des parts de Manchester United, au prix de 33 livres par action (38 euros). Pressentie depuis plusieurs mois, selon plusieurs médias anglais, la vente a été négociée auprès de la famille Glazer, les propriétaires américains des Red Devils, et officialisée, dimanche 24 décembre, par le club mancunien.
« Dans le cadre de la transaction, Ineos a accepté une demande du conseil d’administration de se voir déléguer la responsabilité de la gestion des opérations de football du club », précise le communiqué. A 71 ans, Jim Ratcliffe prend donc officiellement les rênes de l’un des plus prestigieux clubs du monde.
Redorer le blason des Red Devils, telle est l’ambition du magnat britannique dont l’arrivée pourrait entraîner une petite révolution de palais dans le club mancunien, à commencer par la rénovation du « Théâtre des rêves », son stade emblématique Old Trafford. Le patron de l’équipe cycliste Ineos-Grenadiers devrait également reprendre en main le secteur sportif. Plus d’un mois avant son arrivée, le départ du directeur général, Richard Arnold, a été officialisé mercredi 15 novembre. Vilipendé pour sa gestion calamiteuse du cas Mason Greenwood, accusé de violences conjugales et prêté au club espagnol de Getafe, Richard Arnold pourrait être remplacé par l’ancien directeur général délégué du Paris Saint-Germain (2011-2023), Jean-Claude Blanc, actuellement PDG d’Ineos Sport.
Faisant partie des clubs les plus populaires du monde, Manchester United reste majoritairement détenu par les six enfants de l’ancien propriétaire, Malcolm Glazer, mort en mai 2014 : Avram, Joel, Kevin, Bryan, Darcie et Edward. Grâce aux juteux contrats commerciaux signés par le père Glazer, les revenus du club ont considérablement augmenté depuis son rachat du club en 2005 – 744 millions d’euros de chiffre d’affaires pour la saison 2022-2023, contre 243 millions d’euros à l’issue de la saison 2005-2006.
Dette à 827 millions d’euros
Toutefois, les mauvais résultats sportifs depuis plusieurs saisons – le dernier titre en championnat remonte à 2013 – combinés à la crise due au Covid-19, ont vivement affecté les finances mancuniennes. Selon les chiffres publiés par le club aux vingt titres de Premier League, à l’issue de la saison 2022-2023, sa dette s’élèverait à 725 millions de livres (environ 829 millions d’euros).
Un gouffre financier qui a poussé le clan Glazer, critiqué par une large partie des supporteurs, à annoncer la mise en vente, en mars 2021, d’actions pour un montant total de 70 millions de livres sterling (80 millions d’euros). Le conseil d’administration de Manchester United avait déclaré considérer « toutes les alternatives stratégiques, incluant un nouvel investissement dans le club, une vente, ou d’autres transactions impliquant l’entreprise ».
Un temps concurrencé par le milliardaire qatari Jassem Ben Hamad Al Thani, fils d’un ancien premier ministre et candidat au rachat total du club (pour une valeur avoisinant 5 milliards de livres sterling), Jim Ratcliffe entre finalement au capital de Manchester United. En 2022, le magnat britannique s’était déjà porté candidat au rachat du club anglais de Chelsea.
L’arrivée du propriétaire de l’OGC Nice et de l’équipe cycliste Ineos-Grenadiers pourrait-elle affecter l’actuel entraîneur Erik ten Hag ? A la sixième place du championnat et à 7 points du rival Manchester City, les Red Devils sont pour le moment derniers de leur groupe en Ligue des champions, derrière le Bayern Munich, Copenhague et Galatasaray.
Par ailleurs, quel sera l’avenir de John Murtough, chargé du recrutement mancunien et à l’origine des arrivées décevantes de l’attaquant Rasmus Hojlund (75 millions d’euros), du milieu Mason Mount (64 millions d’euros) et du gardien André Onana (50 millions d’euros) lors du dernier mercato estival ? A en croire les informations du Telegraph, Paul Mitchell, passé par l’AS Monaco (2020-2023), et Dougie Freedman, directeur sportif de Crystal Palace et plébiscité par l’emblématique ancien entraîneur du club, Alex Ferguson, sont d’ores et déjà favoris pour lui succéder. Dans le difficile contexte mancunien, le patron d’Ineos et les Glazer parviendront-ils à trouver l’alchimie ?
