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La BNF expose sa grande collection dans toutes les nuances du noir et blanc

« Immigrants, Istanbul, Turquie » (vers 1977), de Mary Ellen Mark.

L’exposition « Noir & Blanc. Une esthétique de la photographie » à la Bibliothèque nationale de France (BNF) est une revenante : programmée en 2020, mais annulée en raison de l’épidémie de Covid-19, elle a été accrochée au Grand Palais, à Paris, puis décrochée sans que le public puisse la voir. La voici de retour, rapatriée à la BNF, puisque le Grand Palais est actuellement en travaux.

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Sujet vaste s’il en est, « Noir & Blanc. Une esthétique de la photographie » donne surtout l’occasion de revisiter les collections de photographies de la BNF depuis leurs débuts. Et de sortir des réserves nombre de trésors historiques, signés de grands auteurs passés maîtres du contraste et de la composition : Gustave Le Gray, Paul Strand, Frank Horvat, Bernard Plossu, Brassaï… Il ne faut pas bouder son plaisir, tant on trouve sur les cimaises splendeurs et tirages soignés : une photo presque noire de Harry Callahan avec sa femme sortant de l’ombre, un paysage comme découpé aux ciseaux de Pierre de Fenoÿl, un coquillage velouté d’Edward Weston…

Dans cette exposition fleuve, avec plus de 300 photographies de 206 auteurs, rangées par thèmes et non de façon chronologique, l’idée des quatre commissaires de la BNF était de montrer comment le noir et blanc, ce non-choix fait au départ pour des raisons techniques, voire économiques, devient ensuite un parti pris esthétique et un support à la créativité. L’introduction est plutôt réussie : si l’on imagine souvent que le noir et blanc est né avec la photographie, l’exposition nous détrompe assez vite.

Chocolat et ivoire

Au XIXe siècle, les premières images prennent plutôt des teintes brunes, sépia, bistre, bleutées. La superbe Grande Vague de Le Gray (1857) n’est ni noire ni blanche, plutôt chocolat et ivoire. C’est le tirage au gélatino-bromure d’argent, dominant durant tout le XXe siècle, qui va donner le goût du « vrai » noir. Comme le souligne le catalogue, l’expression même de « noir et blanc » pour désigner la photographie monochrome n’est apparue que lorsque la photo couleur s’est popularisée, dans les années 1930, avec des procédés comme le Kodachrome – faisant du noir et blanc un véritable choix.

« La Grande Vague – Cette [Sète] » (1857), de Gustave Le Gray.

Et c’est cette esthétique particulière, ce parti pris assumé que cherche à creuser le reste de l’exposition, en soulignant ce que les amoureux du noir et blanc chérissent dans cette représentation particulière du monde : la capacité à accentuer le contraste des objets, à souligner la composition, à rendre palpable la lumière. Les modernistes, en particulier, s’en sont emparés pour mettre en valeur les lignes et les dessins géométriques qui caractérisent la ville moderne, jusqu’à en faire une abstraction – comme Germaine Krull qui photographie des ponts et la tour Eiffel dans son livre Metal (1928).

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