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A Bethléem, une messe de Noël aux accents politiques pour « la fin des hostilités » à Gaza

Quand le cardinal Pierbattista Pizzaballa prend la parole en anglais, lundi 25 décembre, peu après minuit, la foule rassemblée dans l’église de la Nativité, au centre de Bethléem, applaudit : « Mes pensées vont à tous, sans distinction, Palestiniens et Israéliens, à tous ceux qui sont touchés par cette guerre, à tous ceux qui sont en deuil, qui pleurent et qui attendent un signe de proximité et de chaleur. » Dans sa traditionnelle homélie de Noël, au ton politique, le représentant de l’Eglise catholique évoque le « bruit des armes », les « pleurs » des enfants et surtout Gaza et ses 2 millions d’habitants qui subissent une violence « incompréhensible ».

Pierbattista Pizzaballa, le patriarche latin de Jérusalem, s’adresse aux journalistes, sur la place de la Mangeoire, à Bethléem, en Cisjordanie, le 24 décembre 2023.
Des journalistes devant la « Nativité sous les décombres », œuvre de Tariq Salsa qui remplace la crèche cette année afin de rappeler l’horreur en cours à Gaza, à Bethléem, en Cisjordanie, le 24 décembre 2023.
Un drapeau palestinien est déployé sur la place de la Mangeoire, à Bethléem, en Cisjordanie, le 24 décembre 2023.

Cette année, le prélat n’a pas pu passer, comme à son habitude, quelques jours avec le millier de chrétiens du territoire palestinien enclavé, à cause des bombardements massifs de l’armée israélienne menés depuis près de trois mois en représailles à l’attaque du Hamas du 7 octobre. Traduit en arabe, le religieux demande aux leaders mondiaux de soutenir la fin de l’occupation des territoires palestiniens par Israël : « Nous ne voulons pas d’un cessez-le-feu, insiste-t-il. Nous voulons la fin de toutes les hostilités. »

A Rome, le pape François a aussi évoqué la situation dans les territoires palestiniens. « Notre cœur, ce soir, est à Bethléem », a-t-il déclaré lors de la messe de Noël, en dénonçant la « logique perdante de la guerre ». La veille, le patriarche latin de Jérusalem avait échangé, par téléphone, avec Emmanuel Macron, qui lui a fait part de sa « vive préoccupation » pour les chrétiens de la bande de Gaza. Le président français avait aussi présenté ses condoléances pour la mort d’une mère et de sa fille, tuées par un sniper israélien sur le parvis d’une église gazaouie, le 16 décembre.

A Bethléem, Noël a pris une tournure politique. En réaction aux bombardements de l’armée israélienne, qui ont tué plus de 20 000 personnes, et aux tensions en Cisjordanie, qui ont coûté la vie à quelque 300 Palestiniens, les festivités de Noël de la ville de Bethléem ont été annulées par une trentaine de leaders religieux. A la place, en plus des cérémonies religieuses organisées dans tous les lieux de culte de la ville, la municipalité de Bethléem a inauguré, le 23 décembre, la sculpture Nativity in the Rubble (« Nativité sous les décombres ») de Tariq Salsa. En fibre de verre, l’artiste local y représente la Vierge Marie tenant Jésus « à la manière des martyrs », Joseph et les rois mages portant un linceul.

L’entrée de la grotte de la Nativité, lieu de naissance du Christ selon la croyance, sous l’église de la Nativité, à Bethléem, en Cisjordanie, le 24 décembre 2023.
Des femmes prient dans la grotte, à Bethléem, en Cisjordanie, le 25 décembre 2023.
Des fidèles se relaient pour prier et chanter sous l’église de la Nativité, à Bethléem, en Cisjordanie, le 25 décembre 2023.

Dans son discours donné au Centre pour la paix, Hanna Hanania, le maire de Bethléem, cite le poète palestinien Mahmoud Darwich (1941-2008) et compare l’Etat d’Israël au roi Hérode qui, après la naissance de Jésus, ordonne selon l’Evangile le meurtre de tous les jeunes enfants de Bethléem pour protéger son pouvoir : « Le gouvernement d’occupation, inquiet pour son trône, tue et déporte [les Palestiniens]. »

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