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« L’extrême droite et la crise écologique sont les deux portions d’un même cercle vicieux »

L’adoption de la loi « immigration » et l’entrée prochaine de la « préférence nationale » dans le droit français forment, ces jours-ci, la manifestation la plus spectaculaire de l’extrême-droitisation de la vie publique – il ne devrait pas être interdit de parler de fascisation, tant les signaux d’alerte s’accumulent. Sur la question migratoire, la droite de gouvernement semble ainsi être devenue pleinement compatible avec la droite extrême, et la contagion se propage désormais à la droite libérale, incarnée par la majorité présidentielle.

Le nationalisme identitaire est la partie saillante de l’agenda idéologique du Rassemblement national (RN) et de Reconquête !, mais l’extrême droite parvient aussi, depuis quelques années, à entraîner avec elle tout le camp conservateur dans une dérive populiste sur la question environnementale, alimentée par le simplisme et la démagogie, le déni et, enfin, l’inaction. C’est l’autre grande victoire idéologique, plus discrète, de l’ultradroite.

On le voit à toutes les échelles, et en particulier au niveau communautaire. Au Parlement de Strasbourg, les droites européennes ont été cornaquées ces deux dernières années par leurs marges extrêmes pour torpiller plusieurs des textes-clés du Pacte vert. En France, comme l’ont montré les enquêtes de Clément Guillou dans Le Monde, le RN s’est forgé, sur les questions environnementales, une doctrine réduite à un mélange d’agrarisme (car « la terre ne ment pas ») et de localisme (« consommer local » relève d’une préférence nationale). Le tout teinté de climatoscepticisme, de techno-solutionnisme et de complaisance vis-à-vis des pollueurs de tout poil – pour peu qu’ils soient enracinés dans les territoires. Les mêmes tendances semblent à l’œuvre ailleurs en Europe.

Comme sur la question migratoire, la droite française s’est acculturée à cette rhétorique. Que l’on songe à l’ancien président Nicolas Sarkozy, artisan, en 2008, du Grenelle de l’environnement, devenu climatosceptique patenté dès 2016 – il n’a cessé, depuis, de mettre en doute la réalité des causes anthropiques du changement climatique. L’hostilité aux politiques environnementales était un marqueur fort des droites extrêmes, elle devient un nouvel étendard pour l’ensemble de la droite. Les exemples sont innombrables, et la posture du président (Les Républicains) d’Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, affichant fièrement sa volonté de ne pas mettre en œuvre le dispositif zéro artificialisation nette dans sa région tient lieu, à elle seule, de synthèse.

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