Deux ans après le plan social qui a secoué 60 millions de consommateurs, l’avenir du magazine reste incertain. Les représentants de la Société des journalistes (SDJ) et des salariés de l’Institut national de la consommation (INC) – établissement public à caractère industriel et commercial, qui édite le mensuel – sont particulièrement inquiets du lancement d’un audit commandé par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sur l’INC.
Ce service, qui en a la tutelle, s’interroge sur le potentiel économique de l’institut et en a confié la responsabilité au cabinet Ernst & Young en novembre. Même si, selon La Correspondance de la presse, la DGCCRF assurait, en juin, dans sa lettre de mission que « la puissance publique est consciente de la valeur de la marque 60 millions de consommateurs, qui apporte un regard neutre et indépendant de toute publicité sur les sujets de consommation ».
Dans une lettre ouverte datée du 20 décembre destinée à Olivia Grégoire, la ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l’artisanat et du tourisme, qui a la tutelle politique de l’INC, les représentants des salariés s’alarment du fait que « la lettre de mission de cet audit » laisse « toutes les pistes (…) ouvertes, y compris “l’adossement” et “l’abandon de pans d’activité” ».
La crainte d’un arrêt des essais comparatifs et d’une vente au concurrent Que choisir reviennent régulièrement en interne. « C’est inenvisageable, car cela signifierait la mort de 60 millions de consommateurs, prévient Lionel Maugain, délégué syndical SNJ-CGT. A la différence de Que choisir, on a la spécificité d’être un journal d’information de service public. 60 millions de consommateurs est un outil essentiel au bénéfice des consommateurs et de leurs associations. »
Des décisions sur l’avenir de l’INC en début d’année
Le financement de l’INC est d’autant plus fragile que près de 70 % de son budget provient de ses ventes et que celles-ci sont en baisse en 2023 : − 6 % pour la vente par abonnement (environ 80 000) et − 10 % de ventes numériques, même si les ventes en kiosque progressent de 2,8 %. Selon nos informations, cela se traduit par près de 1 million d’euros de déficit pour 2023, et qui pourrait dépasser 1,2 million en 2024.
Pour Lionel Maugain, la « suppression de neuf postes en 2021 » à l’INC ainsi que le « gel de dix postes depuis, sur un total de 55 salariés aujourd’hui », n’ont fait qu’affaiblir davantage le magazine. Son collègue Bertrand Loiseaux, secrétaire du comité social et économique, évoque également « la division par deux du budget des essais et la baisse d’environ 40 % de la subvention de l’Etat depuis 2018 ».
Il vous reste 20% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
