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Transformer l’éducation nationale en tremplin politique, le pari de Gabriel Attal

Gabriel Attal « assume ». Le ministre de l’éducation nationale « assume » d’avoir interdit l’abaya, cette robe longue de tradition moyen-orientale, à l’école. Il « assume » de secouer son administration face au harcèlement. Il « assume » que les taux de réussite au brevet et au bac baissent le temps d’élever le niveau des élèves. Il le martelait encore à l’Assemblée nationale le 12 décembre : « Je ne prends pas des positions, je prends des décisions et je les fais appliquer. »

Adepte d’une « parole performative », une parole qui se traduit en actes, le fin communicant aux évidentes ambitions politiques veut prendre des mesures qui ont des conséquences concrètes et visibles dans la vie des Français. Loin de s’adresser principalement aux enseignants comme nombre de ses prédécesseurs, il vise un public particulier : les Français des classes moyennes, ceux « qui financent par leur travail et leurs impôts le fonctionnement de nos services publics », mais qui « ont parfois le sentiment qu’ils ne peuvent plus avoir confiance » dans l’école publique et font parfois le choix du privé « au prix d’immenses sacrifices », rappelait-il le 5 décembre. Ceux aussi qui pourraient être tentés de voter pour le Rassemblement national (RN).

Le ministère de l’éducation nationale est-il devenu un terrain de choix pour cette ambition ? A l’heure de la majorité relative à l’Assemblée nationale, ce maroquin, réputé difficile et source d’impopularité, tant le consensus y est souvent introuvable, permet de manier un argument de taille : nul besoin de loi pour réformer le système éducatif et faire évoluer le quotidien de douze millions d’élèves et de leurs familles.

Alors que l’exécutif est plongé dans une crise politique d’ampleur sur l’immigration, Gabriel Attal peut expérimenter le port de l’uniforme via une simple évolution du règlement intérieur des établissements et le bon vouloir des collectivités, réformer les programmes de l’école primaire par une saisine de l’instance qui s’en occupe, mettre en place un questionnaire sur le harcèlement pour tous les élèves, du CE2 à la terminale, par une directive envoyée aux recteurs, ou encore montrer sa fermeté en matière de laïcité par voie de circulaire.

« Vision de court terme »

Pour capter l’opinion, Gabriel Attal s’attaque méthodiquement aux totems éducatifs français : le niveau des élèves, le redoublement, l’uniforme… Ses décisions peuvent diviser les enseignants échaudés par les réformes qui se succèdent et se contredisent depuis des décennies. Le macroniste « ressort les vieilles rengaines de la droite conservatrice et de la gauche traditionaliste. Cette vision de court terme ne peut pas répondre à la crise profonde que traverse l’école », commente ainsi l’ancien recteur Alain Boissinot.

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