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Protection des dauphins : le Conseil d’Etat élargit l’application de la fermeture hivernale de la pêche

Un garde de l’office national de la chasse faune sauvage à la déchetterie de Biscarrosse (Landes), en 2006.

Un rappel à l’ordre pour le gouvernement, une bonne nouvelle pour les dauphins. Vendredi 22 décembre, le Conseil d’Etat a suspendu les dérogations à la fermeture de la pêche dans le golfe de Gascogne, qui doit s’imposer pour la première fois à tous les bateaux de 8 mètres et plus en 2024, entre le 22 janvier et le 20 février. La plupart des professionnels pensaient pouvoir échapper à l’arrêt de leur activité cet hiver, grâce à toute une série d’exemptions qui leur avaient été concédées par le gouvernement soucieux de protéger l’économie du secteur. Ils ont reçu une douche froide.

« C’est une grande victoire », s’est aussitôt félicité Philippe Garcia, président de Défense des milieux aquatiques, l’une des quatre associations qui avaient saisi la haute juridiction administrative en référé, avec France Nature Environnement (FNE) et Sea Shepherd d’une part, et la Ligue pour la protection des oiseaux d’autre part, dans le cadre de deux procédures parallèles.

« Cette suspension va rendre service à l’Etat, car elle va permettre de démontrer que, même en arrêtant la pêche durant un mois, les échouages massifs de cétacés vont se poursuivre tant que l’on n’interdira pas la pêche plus longtemps », affirme ce militant, qui a justement découvert vendredi les restes d’un grand dauphin sur la plage des Bourdaines, à Seignosse, dans les Landes. Il estime que le milieu de la pêche en France va maintenant pouvoir « entrer dans l’âge de raison » : « Les pêcheurs vont progressivement comprendre qu’en pêchant moins on pêche mieux. Avec un mois d’arrêt d’activité, les poissons vont avoir le temps de grossir et de se multiplier », assure-t-il.

Une hécatombe

C’est sur ordre du Conseil d’Etat que le secrétariat d’Etat chargé de la mer, Hervé Berville, dans un arrêté publié le 24 octobre, avait pris cette disposition inédite, dans le but de « limiter les décès accidentels de dauphins et marsouins ». Une hécatombe, en vérité. Depuis maintenant sept ans, des centaines de cadavres arrivent sur la côte atlantique française, avec souvent des marques d’engins de pêche sur le corps. L’hiver 2022-2023, l’opinion publique s’en était émue après que l’observatoire Pelagis de La Rochelle avait recensé près de 1 500 animaux morts sur le littoral.

Selon le Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM), environ 9 000 dauphins communs meurent chaque année par capture accidentelle sur la façade atlantique française, la plupart coulant au fond de l’océan. Il s’agit d’espèces protégées, des dauphins communs dans 80 % à 90 % des cas, mais également des grands dauphins et des petits cétacés variés, tels que des marsouins. Du Pays basque à la pointe de la Bretagne, le phénomène tend à s’aggraver puisque les derniers « sinistres records », pour reprendre un qualificatif employé par le CNRS, s’étaient établis entre 1 000 et 1 200 carcasses lors des hivers 2018-2019 et 2019-2020.

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