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« Daihatsu est l’auteur de l’un des plus grands scandales de l’industrie automobile »

Le président de Daihatsu, Soichiro Okudaira (à gauche), et le vice-président de Toyota, Hiroki Nakajima, présentent leurs excuses, à Tokyo, le 20 décembre 2023

On commence par incliner le buste, profondément si la faute est grave, et l’on prononce les mots : « Honto ni gomenasai » (« Je suis vraiment désolé »). Au Japon, société très codifiée où la honte tient une place centrale, l’excuse publique, et sa gestuelle, est un préalable à toute explication. Alors Soichiro Okudaira s’est incliné.

L’entreprise qu’il dirige, Daihatsu, productrice de petites voitures et filiale de Toyota, est l’autrice de l’un des plus grands scandales de l’industrie automobile de ces vingt dernières années. Comparable en ampleur et en gravité à la tricherie de Volkswagen sur les tests d’émission, qui a coûté plus 30 milliards d’euros à la société allemande et a largement contribué à tuer la technologie des moteurs diesel, grande spécialité européenne.

Dans le cas de Daihatsu, ce sont les crash-tests de sécurité, qui ont été falsifiés. Les opérateurs apportaient de légères modifications aux véhicules de test pour que la déformation de la voiture, ou l’ouverture de l’airbag, se passe correctement.

Lanceur d’alerte

Dévoilée par un lanceur d’alerte en avril qui suspectait six modèles, l’affaires a pris une tout autre ampleur après enquête des auditeurs. En tout 64 modèles sont concernés et certaines des 170 irrégularités constatées remontent à plus de dix ans, voire au début des années 1990 pour certaines. Toyota a annoncé la suspension de quinze modèles vendus en Asie.

Soichiro Okudaira, dans son acte de contrition, a pointé au moins quatre causes. Des salariés sous pression pour réduire les coûts et les délais, l’absence de culture de dénonciation des faits et d’une communication saine et enfin la peur de l’échec, très mal vu. Toutes erreurs de base qui figurent dans la plupart des manuels de management, souvent inspirés de l’exemple… Toyota !

C’est tout l’édifice du premier constructeur automobile mondial qui est ébranlé par cette affaire, et il lui faudra du temps pour retrouver la confiance de ses clients. Que l’on soit un individu, une entreprise ou une nation, la définition et l’entretien d’une culture, d’une éthique et du respect de valeurs élémentaires est une tâche jamais achevée.

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